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Paris, le 4/14. July 1685 (La première date correspond au calendrier julien, la seconde au calendrier de grégorien, qui n’a été introduit en Saxe que vers 1700.)

[1]46.

Paris est la capitale du royaume de France , et c’est une très grande ville, si grande que beaucoup disent qu’elle constitue un monde à elle seule, car on y trouve beaucoup de nobles, d’étudiants, de bourgeois et d’étrangers, qui sont également attirés par cette ville plutôt que par toute autre ville européenne en raison des grandes opportunités commerciales qu’elle présente. Le terrain sur lequel elle s’étend est presque plat, et elle est traversée par la Seine. On y trouve environ 504 rues, 22000 maisons et palais, sans compter les édifices royaux, 11 faubourgs, 69 églises, 14 chapelles, 24 monastères, 20 collèges et universités, 6 académies, hôpitaux, 11 marchés et halles, 11 ponts, 15 portes de ville. On estime qu’y habitent 1 million d’âmes, dont au moins 100.000 bourgeois armés. Elle est agrémentée de magnifiques palais; ceux-ci, tout autant que les maisons bourgeoises, sont la plupart du temps en pierre de taille. Comme je suis venu en France, et en particulier à Paris, pour en voir les bâtiments, je veux les décrire ici et commencer par les petites maisons bourgeoises. La plupart sont en pierre de taille façonnée en blocs carrés, et ont 5 ou 6 niveaux, chacun d’eux ne faisant pas plus de 10 pieds parisiens. Tout d’abord, la pierre est tendre, et on peut la couper avec une scie, puis elle devient plus dure. On construit également les maisons avec du bois de chêne, qu’on recouvre d’un mélange qu’on appelle plâtre. Mais tout ceci

[2]47.

est de facture fort simple, sans ornementation superflue, comme les exemples montrés par l’architecte Le Muet, et les toits forment des pans coupés ressemblant à des tentes, selon la technique développée par l’architecte Mansart : c’est la raison pour laquelle on les appelle à la mansarde. Quant à la manière dont ces maisons sont disposées, on aime les construire très serrées les unes contre les autres ; mais pourtant on y intègre des escaliers bien bâtis. En voici différents exemples : comme les maisons ne sont pas pourvus d’éléments d’architecture particuliers, mais simplement de bandeaux (terme utilisé à Paris), on les appelle à la fantaisie. A Rome on dirait alla schietta.

[[Vues de façades sur rue de maisons bourgeoises à Paris]]
[3]48.
[Vues de façades sur rue de maisons bourgeoises à Paris]

Voici six variétés d’arcades

Remarque Là où on a un balcon comme en A les consoles peuvent être faites de la manière suivante.

Si la pierre est très longue et donc difficile à faire tenir, on peut en placer une autre dessous comme en a ou bien une tête avec feston

profil

[4]49.
[5]50.
[[Vue d’une façade à colombages]]
[6]49.
[[Vues de façades sur rue de maisons bourgeoises à Paris]]

a. c’est une dépouille de lion suspendue avec des armoiries b. c’est une demi-armure avec armoiries

[[Vues de façades sur rue de maisons bourgeoises à Paris]]
[[Vue de la façade sur rue d’une maison bourgeoise à Paris]]

Sur la place des Victoires

La ligne de refend des piliers d’angle n’est pas toujours de forme carrée comme en a, mais le plus souvent comme en b

[7]52.

Maison où le prince-électeur de Saxe a logé à Paris. Elle se trouve rue de l’Université au faubourg Saint-Germain, il est arrivé le 23 décembre 1685 (nouveau styleNote: L’indication « nouveau style » abrégée n. s. (st[yli]: n[ovi]) renvoie au calendrier calendrier grégorien, qui n’a été introduit en Saxe que vers 1700.) à Paris et est reparti le 29 mai 1686 pour l’Angleterre après le carrousel donné à Versailles.

[[Vue de la façade sur rue ou sur cour de l’hôtel du prince de Saxe à Paris]]
  • 1. Entrée
  • 2. Escalier
  • 3. Magasin
  • 4. Cuisine
  • 5. Garde-manger
  • 6. Escalier
  • 7. Antichambre
  • 8. Chambre
  • 9. Chambre à coucher
  • 10. Garde-robe
  • 11. Cabinet

Autrefois, et même encore à l’époque du roi Louis XIII, était répandue la mode, soit de recouvrir la façade des maisons de briques rouges, soit de la peindre de façon à faire croire qu’elle était faite avec des briques, et de garder les ornements en blanc, soit encore de les construire avec des pierres carrées faites comme des briques : à Paris beaucoup de maisons et de palais sont faits de cette manière, comme le Palais-Royal près du Pont neuf. En voici quelques exemples.

[[Vues de façades sur rue de maisons bourgeoises à Paris]]
[[Détail d’un escalier]]
[8]53.

Bien que les maisons décrites ci-dessus ne soient pas des palais, ce n’en sont pas moins des maisons magnifiques, avec leurs entrées, cours, remises, garages pour carrosses, écuries et autres installations, ainsi que des escaliers magnifiques, bien qu’ils ne soient qu’en bois. Quand on accroche en haut une lanterne, elle éclaire tout l’escalier.

Remarque : Les cadres des fenêtres sont en général de facture assez simples et dépourvus de figures d’ornementation, et les bandeaux servant à distinguer les étages sont faits à peu près de cette manière

[[Détail d’une corniche]]

On les utilise pour faire la transition entre l’attique et les pilastres (je n’en ai d’ailleurs jamais vu de forme arrondie) qu’ici sont tous de style dorique aussi bien pour leur base que pour le chapiteau, ou bien avec un pied de pilastre de facture médiocre ou encore la base est intégrée à l’attique. Quant au chapiteau, à l’endroit où celui-ci atteint la toiture, on y ajoute encore un galon avec des ourlets. Il est très courant que les chapiteaux ioniques soient de surcroît décorés de rinceaux qui retombent sur les côtés, ce qui est assez décoratif.

[[Détail d’un chapiteau ionique]]

Parfois les corniches des fenêtres débordent sur les bandeaux ou la corniche supérieure, de la façon suivante.

[[Détails de corniches]]

Les piliers soutenant les arcades sont pourvus d’impostes de facture assez simple, faites ainsi :

[[Détail d’un pilier avec imposte]]
[9]54.

Les gouttières sont tout à fait nécessaires, car sinon la pluie ruissèlerait contre les bâtiments et les dégraderait de manière importante. En général on trouve des gouttières en cuivre qui font le tour de la toiture, avec des saillies d’environ 6’, mais qui ne sont pas très pratiques, car lorsque les bâtiments sont élevés, le vent rabat l’eau contre le bâtiment et même sur les fenêtres, ou bien elle tombe par terre et éclabousse tout autour d’elle. Quand les gouttières font le tour du toit et qu’aux angles, on met des tuyaux qui vont du haut jusqu’en bas, l’eau peut ainsi descendre aisément, et alors, on peut la conduire dans des citernes, des réservoirs cachés ou une canalisation. Mais en Allemagne, tout cela gèlerait assurément. Une manière assez élégante est de faire reposer les gouttières sur la corniche, et d’y mettre un déversoir de 6’ de long ; mais en haut sur le barreau il faut fixer une tige de fer, sinon en hiver le poids de la neige pourrait faire dévier la gouttière ; il faut ajouter que pour cette variante, quand en hiver la gouttière est pleine de neige et que le dégel ou la pluie surviennent vite, la gouttière déborde et les poutres peuvent pourrir.

[[Détail d’une corniche avec gouttière]]

Quand on veut faire un bassin dans le jardin ou un réservoir, il faut d’abord étayer toute la surface, l’entourer complètement de murs, lier et consolider tout cela avec des joints en argile, recouvrir à nouveau de maçonnerie, puis de dalles de pierre ; sur les côtés on laisse un espace de 3’ qu’on isole avec un enduit et on construit un autre mur où arriveront les canalisations ;

[10]55.

tout cela a besoin de bonnes fondations, sinon l’eau ravinera tout, même les pierres de taille.

Pour paver le sol de manière solide avec de grandes dalles, que ce soit dans une église, une salle ou dans un autre lieu, il faut d’abord recouvrir le sol de plusieurs couches fines de chaux, et après on met dessus les grandes pierres.

La taille des cheminées dans les pièces dépend de la taille de ces dernières ; parfois elles sont de facture fort simple, parfois elles sont très décorées avec la représentation de hauts faits d’armes, de statues équestres, etc.

profil

Quand le sol d’une pièce est un plancher, on peut poser devant la cheminée une plaque de pierre qui parfois peut être décorée

Cheminée

Les colonnettes ou balustres sont tournées au moyen de la machine décrite ci-dessous ou tour.

Il faut un rail sur lequel on met les barres de fer : tout cela ressemble à un tour, sauf que cela ne fonctionne qu’avec une roue.

[11]56.

Je continue avec la façon dont sont construits les palais qu’on trouve ici. Comme en France et en Italie on ne trouve pas suffisamment de bois de grands sapins comme en Allemagne pour faire des échafaudages de grande taille, ce dont on aurait besoin pour construire des bâtiments élevés, on utilise ici des engins appelés en France des grues, en Italie altalena, ordegni ou ergata. Elles sont de grande ou de petite taille, selon l’importance de l’édifice. Mais quand il n’est pas possible de faire une grue suffisamment haute, comme c’est le cas pour les églises, on la met au sommet de l’édifice, et on transporte les pierres là où on en a besoin, et pour les ouvriers on fait seulement un échafaudage plus simple. On se saisit de la charge avec une pince, et, quand la charge est lourde, à l’aide de deux pinces ou bien une ou deux barres.

Le dessin a montre que tout d’abord on met une barre, puis on met un verrou à travers la barre et l’anneau

Petite grue

Panier pour les pierres

Caisse pour la chaux

Charrette servant à transporter les pierres

[12]57

Nous en arrivons aux palais, ceux-ci sont bâtis de diverses manières ; pour un certain nombre d’entre eux, le corps et la façade du bâtiment donnent directement sur la rue (comme les 2 qui suivent), comme le font en général les Italiens, afin de mieux voir ce qui se passe dans la rue, et les cours se trouvent à l’intérieur. En revanche les Français, et en particulier à Paris en raison du tumulte, des cris, bruits des voitures et des cavaliers, préfèrent éviter ce procédé : ils placent le corps du logis à l’intérieur de la cour, en face de l’entrée, construisent une cour carrée ou bien avec des proportions de 1 x 11/4 ou de 1 x 11/2, et construisent les bâtiments autour de cette cour sur les 4 côtés, ou bien placent à l’avant une galerie ou terrasse avec une balustrade, ce qui est le procédé quasiment le plus usité ; sur le corps de logis on ajoute habituellement un avant-corps avec un frontispice ou un dôme. Derrière ce corps on aménage un jardin. Bien qu’ils ne soient pas grands, ce n’est pas désagréable de vivre ainsi au calme.

Note : en a on avait pratiqué un balcon fait de cette façon, et très bien conçu

[[Vue d’une façade sur rue de l’hôtel Carnavalet à Paris]]
[13]{5}8.

Ceci est un petit palais de 5 {travées de} fenêtres et une loggia à la romaine.

Ce palais, doté de 2 cours, appartenant à Monsieur Amelot, a de superbes appartements, avec de nombreuses chambres, pièces et salles avec coupoles, recouvertes également de fresques.

Jardin
niche
basse-cour devant les écuries
maison bourgeoise
rue

2 e niveau

Le côté A.

Le côté B.

Pour ce palais, on peut observer une concordance entre l’intérieur en A et l’extérieur en B, fort réussie.

Les côtés en C

En a

En b

En c une tête de lion tête d’Hercule avec des cornes d’abondance En d une tête de lion avec les pattes

[14]{59.}

Jardin
Rue

Le côté A

Le côté B donnant sur le jardin

Ceci est l’hôtel du duc d’Aumont, situé non loin de la rue Saint-Antoine. Ses deux flancs touchent à d’autres demeures privées, il est magnifiquement meublé, avec de beaux lits, de belles tables et tapisseries, dont beaucoup sont en velours et richement brodées d’or et d’argent, y compris les courtines devant les portes.

Jardin Les ailes touchent d’autres maisons

Le Palais-RoyalMonsieur habite. En voici la disposition : à l’arrière on trouve un jardin et une terrasse avec des arcades dont les piliers délimitent un espace, si bien qu’on peut passer entre eux ; les arcades sont protégées devant par des grilles de fer ; dans cette cour A on trouve également de nombreuses arcades ; devant, du côté de l’entrée, se trouve à nouveau une terrasse, les colonnes sont, en raison de leur circonférence, à demi encastrées dans le mur.

Non loin de l’hôtel de Monsieur Colbert il y avait un hôtel fait de cette façon ; comme les angles sont incurvés {et saillants} jusqu’au toit, cela facilite le passage à l’intérieur.

[15]60.
Figure 1. L’hôtel de Monsieur Colbert

Basse-cour
Maisons bourgeoises
Basse-cour
Maisons bourgeoises

a sont des casques avec des plumes

b sont la Force et Pallas en marbre blanc
En G on trouve une basse-cour menant à la ménagerie

[16]{61.}

Dallage de marbre sous le portique en ⊕ Sur les côtés des colonnes et des niches où sont placées des statues ; le plafond est plat et cintré

Entrée ou portique d’un hôtel avec un bel escalier, sur 3 niveaux, fait en pierre et dégagé avec une rampe en fer ; en a on trouve un piédestal sur lequel est posé un grand vase, qui avait belle allure.

L’hôtel de Liancourt dans la rue de Seine au faubourg Saint-Germain est composé de manière très régulière, mais le côté A n’est pas encore construit. Il a une largeur et une longueur de 7 {travées de} fenêtres, dispose d’une terrasse sur le {mur de} devant, incurvée vers l’intérieur {côté cour} ; en a on trouve une arcade surbaissée permettant de garer les carrosses.

Dans la rue Saint-Antoine on trouve divers palais, certains construits en brique avec les antes et l’encadrement des fenêtres en bossage ; c’est ainsi qu’est construit l’hôtel de Conti proche du Pont neuf.

[17]62.

C’est de cette façon que l’édifice est fait, sur tout le pourtour aussi bien intérieur qu’extérieur, de même pour la terrasse ; ceci est la façade de l’entrée principale, le fond est fait de briques rouges.

Les fenêtres sont faites en général de cette façon, le verre n’est pas enchâssé dans du plomb, on ne fait pas non plus de rainure dans le bois, mais on place le verre sur la face extérieure dans des onglets, on colle du papier sur les côtés, et on utilise des petites pierres très fines et des angrois pour le faire tenir ; seules les ailes sont revêtues de fer.

Les portes principales dans les salles et autres pièces sont en général larges de 6’ et hautes de 12’. Quand cette hauteur n’est pas nécessaire, on en retranche environ 4’ ; les portes ont deux battants, comme cela on peut en ouvrir un ou deux selon les besoins.

Devant les portails des entrées principales ou bien les escaliers, on met des conos, cono, cônes, afin qu’on ne les accroche pas avec les voitures et ne les abîme pas.

Voici maintenant le palais d’Orléans, appelé généralement l’hôtel du Luxembourg, que l’on juge être l’un des plus beaux et des mieux faits non seulement à Paris, mais dans la France toute entière, et il faut dire à la vérité qu’on ne s’est privé de rien pour le construire,

[18]63.

le jardin
petit jardin
magazin
la cour pavée de marbre bleu et noir blanc
la cour
la basse-cour
la galerie voûtée
la cuisine
l’entrée

[19]64.

Rampe en marbre blanc

  • Chaque colonne est large de 2’9’
  • Chaque pilier 10’
  • Chaque arcade 8’
  • Chaque fenêtre 4.6’’
  • les murs au premier plan larges de 7’

La salle
chambre
chambre à coucher
cabinet
grande gallerie

[20]{65.}

9 arcades doivent se trouver ici

Le côté u w est plan comme le côté u t, tout comme x y, avec des frontispices, statues et tous [...]. En y z on a aussi des arcades et des fenêtres aveugles qui ne traversent pas les murs, ∫ + comme ∫ +

[21]66.

Le palais d’Orléans décrit ci-dessus, appelé généralement à Paris l’hôtel de Luxembourg, est construit de manière très régulière, on y trouve les 3 ordres, à savoir toscan, dorique et ionique, joints à un attique, des bandeaux à bossage rustique, tout cela décoré de toutes sortes d’ornements sculptés, de statues et agrémentés de frontispices ; autour du {tambour du} dôme vers l’entrée sont placées 8 statues emblématiques ; dans les niches des deux premiers pavillons on trouve des statues de rois et reines, de plus, en A, 4 statues de rois, leurs couronnes et sceptres à la main, les frontispices sont coiffés de statues emblématiques assises, le tympan est décoré quant à lui d’ornements sculptés, en a par contre un blason avec armoiries auprès duquel deux enfants reposent sur des festons. Le côté donnant sur le jardin est également très beau, car en B on trouve les quatre saisons assorties de fleurs, de fruits et autres attributs de ce genre, sur les frontispices à droite la Patience avec le gobelet et la croix dans la main, à gauche l’Amour avec un enfant, assis, en C la Force et la Prudence assises, en D deux statues martiales et ainsi de même sur tous les frontispices, mais les fonds sont garnis de feuilles de palmier et de laurier avec une couronne et des festons ; le jardin est également très bien aménagé. A côté de ce palais on trouve deux cours, l’une est à gauche de l’entrée et sert à l’intendance, la boulangerie et la blanchisserie, l’autre se situe de l’autre côté, on y a les écuries, et on y met les chevaux et les voitures. Entre ces deux cours et le jardin on trouve sur chaque côté un petit jardin d’agrément, mais tout n’est pas entièrement terminé en ce qui concerne les bâtiments annexes. À l’intérieur, les pièces et les plafonds sont joliment décorés de maints ornements sculptés et de peintures. Ce palais est considéré comme l’un des plus réussis dans tout Paris, et dans la grande galerie le plafond était fait de la manière suivante :

Coupole

Grotte, piédestal se trouvant dans le jardin
ici un vieil homme représentant un fleuve
ici une femme nue de même un fleuve

[22]67.

Jet d’eau
Jardin du Luxembourg
Allée
460’
Allée

Rebord du bassin

Voici plusieurs portes en bois, qu’on trouve aussi bien dans des palais ou des églises. Il faut cependant noter que lorsqu’à l’arrière d’un palais on trouve une grotte, pour profiter de la perspective {à travers le bâtiment} on ne met pas de portes devant, mais des grilles de fer, c’est-à-dire sous le corps de logis en face de de l’entrée ; en a on peut ouvrir les deux battants ou bien seulement la porte.

[23]68.

Les toits sont faits en général de cette manière, appelée à la mansarde, en forme de tentes ou pavillons, et recouverts d’ardoises. En a on pose une plaque en plomb, mais quand on veut recouvrir le toit de tuiles, on les fait un peu dépasser en a, si bien que le plomb n’est pas nécessaire.

A Paris on a fait à cette époque d’excellents travaux de menuiserie, que ce soit des armoires, des tables ou autres meubles, mais tout est lisse et sans moulures et est incrusté de toutes sortes d’essences exotiques, avec des compartiments comme pour les sols en marbre ; ou encore des bouquets de fleurs de couleurs diverses : on appelle cela marqueterie ; on y incruste aussi en bois d’ébène diverses variations de feuillages, des enfants qui jouent et d’autres sujets de même sorte creusés en étain anglais, laiton, ou cuivre, ces éléments étant eux-mêmes gravés par des graveurs.

Palais des Tuileries

Diverses manières de faire des escaliers

Voici divers portails tels que je les ai trouvés devant les palais, et que je dessine icien raison de leur diversité.

[24]69.

Mathématiques
Au-dessus du portail du bâtiment d’une académie.

Cette sorte de portail échancré est fort pratique pour entrer par la rue en voiture, et de plus il est décoratif et donne au palais une belle allure.

[25]70.

Portail autour d’une fontaine

Remarque Quand une fontaine est dotée d’un robinet trop grand pour être actionné à la main, il est plus aisé d’utiliser une manette qui passe à travers le robinet.

Là où il y a un avant-corps faisant plusieurs pieds de long, on peut également faire avancer le toit, mais il ne doit pas être plus élevé, il épouse simplement la forme du bâtiment.

[[Détails de revêtements de toits]]

Quand on construit une tour pas très haute, et que le toit à côté est plus haut, on peut écourter celui-ci, ce qui permet à la tour d’être mieux dégagée et mise en valeur.

[[Détails de revêtements de toits]]

Les soupiraux sont faits de cette manière.

[[Détail d’une fenêtre du sous-sol]]
[26]71.

On prend soin d’utiliser des petits poêles en fonte décorés de petites tours : sur les côtés on a des éléments de fer de la hauteur du poêle et dessus on visse des boutons en laiton bien polis, les éléments en fer sont là afin que la chaleur ne fasse pas remonter la plaque ; sur le dessus, on met une tourelle avec un tuyau chargé d’évacuer la fumée vers là où on veut, parfois on fait aussi passer des plaques en forme de demi-lune à travers la tour qui forme une spirale, ce qui donne un très bon tirant à la fumée. A Versailles, pour la chambre du roi et dans d’autres pièces, on utilisait des poêles en laiton ronds de 3’ de haut et 2’ de large, avec au somment 3 tuyaux en forme de colonnes, qui s’embouchaient dans un tuyau unique servant à évacuer la fumée. On appelait cela des poêles anglais.

[[Vues de cheminées]]

Cette façon A est très répandue : les flancs de la construction sont arqués et on y met une niche, le globe et les trophées peuvent être placés au-dessus de porches, portes, portails et sur les frontispices.

Le pont Neuf à Paris est considéré comme l’un des plus beaux ponts d’Europe ; on peut passer en voiture au milieu et marcher sur les deux côtés, il est entièrement construit en pierre ;

en a se trouve Henri Quatre à cheval, en bronze, en b on passe sur une île. Palais-Royal c. faubourg Saint-Germain

[27]72.

Pont Notre-Dame, Pont Saint-Michel, Pont au Change : ces ponts sont tous construits en pierre, mais il y a des maisons sur leurs côtés : une personne non informée ne voit pas la différence entre le fait de marcher sur un pont ou dans une rue. En face du Louvre, on a construit un nouveau pont, appelé Pont Royal. Les culées sur les berges sont très épaisses, elles font 30’ de large, les piliers sont également très larges et pour en construire les fondations il a fallu installer toutes sortes de machines pour repousser l’eau, comme des pompes à billes, etc., et en particulier une sorte de gouttière dans laquelle on avait laissé pendre des planches à l’aide des chaînes des fer et qu’on pouvait faire tourner ; elle amenait beaucoup d’eau et on a fait tirer cet appareillage par des hommes et des chevaux, et plus on tirait tout cela rapidement, plus il y avait d’eau. La largeur des piliers faisait en bas 8’ de plus sur tous les côtés qu’en haut, on a pris de jeunes chênes de 9’ de large et 10’ de long, on les a renforcés de plaques de fer, ainsi que de poteaux de chêne de 6’’ d’épaisseur, fixés avec des clous de bois ; la première couche a été cimentée avec de la glaise, et on a formé diverses couches étagées. Comme les arches sont très larges, les pierres, bien qu’elles fissent 6’ de long, étaient moins épaisses que celles d’en bas, c’est pourquoi on les a attachées avec de grosses agrafes et on a coulé tout cela dans du plomb. En tout il fait 432 pieds royaux de long, avec 5 arches, celle du milieu fait 72’ ; les piliers dans la rivière sont larges de 14’.

[[Détails du Pont Royal à Paris]]

a tube

Ce tube se trouvait au pied de la maison en a on avait des quadrants sur lesquels étaient fixés toutes sortes d’instruments de mathématiques, comme des festons.

L’escalier en b était entièrement dégagé et faisait 5’ de large, avec un garde-corps en fer forgé, avec le soleil, la lune et des étoiles dorées comme ornementation, et l’escalier à vis faisait environ 3’ de large avec un garde-corps en fer forgé.

[28]73.
[[Vue en perspective de l’Observatoire à Paris d’après une gravure des Pérelle]]

Vue du portique de Vincennes, par où l’on entre dans le parc

[29]74.

La porte Saint-Antoine

[[Vue en perspective de la porte Saint-Honoré à Paris d’après une gravure des Pérelle]]

La porte Saint-Bernhard

[30]75.

L’Observatoire ci-dessus, situé à l’extrémité du Faubourg Saint-Jacques, vient tout juste d’être construit ; il n’a pas de toit mais son faîte est biaisé et est pavé de tuiles hexagonales. 156 marches mènent au sommet du bâtiment, par le petit escalier à vis on descend 173 marches et au milieu de l’escalier à vis il y avait un orifice qui traversait tout le bâtiment, ce qui permettait de voir de jour les étoiles, et tout en bas se trouvait un couloir presque comme un labyrinthe, car il fallait faire 300 pas pour atteindre le centre, où il faisait très frais.

Nec pluribus impar

‘Nec pluribus impar’

Le duc de La Feuillade a fait aménager une place dans le jardin situé derrière son palais. Pour cela, il a a fait l’acquisition de nombreuses maisons afin d’y faire venir deux rues, et il y a mis la statue du roi, et on a appelé ce lieu la place des Victoires. Le roi est en vêtements royaux, il fait 8’ de haut, et la Victoire derrière lui 6’ de haut. Le tout est fait en bronze doré au feu, au pied se trouvent quantité d’armoiries ainsi qu’un globe recouvert d’une dépouille de lion, les armoiries royales, en a le bombar- dement d’AlgerNote: Pitzler se trompe, le bombardement de la ville d’Alger n’a pas été reproduit sur les reliefs de la place des Victoires., sur le côté la soumission du doge de Gênes et des scènes de batailles, dessous des esclaves enchaînés, également hauts de 4 à 8’ avec à côté des armes, et autour de ceci un dallage de 6’ de large en marbre blanc et noir et une grille de fer, avec des ornements dorés. Aux quatre angles de la place, à 40 pas de la statue, on trouve à chaque fois 3 colonnes de marbre rouge sur lesquelles une lanterne brûle la nuit, et entre les colonnes des {médaillons} ovales {encadrés} de feuilles de chêne sur lesquels on a l’intention de représenter les hauts faits du roi ; tous les ornements d’architecture sont en marbre, toutes les autres décorations, y compris les bas-reliefs, en bronze.

[31]76.

Voici comment était fait le piédestal sur lequel se trouvait le cheval et sur celui-ci Henri IV sur le pont Neuf. En h des histoires de batailles et en s des inscriptions.

Le piédestal sur lequel se trouvait le cheval du palais Brion était fait ainsi

Voici maintenant les décors en fer forgé (treillis), et tout d’abord ceux qui se trouvent sur les balcons devant les fenêtres ou le long des escaliers.

Ceux-ci peuvent être composés d’ornements sculptés, coulés en métal et puis dorés.

[32]77.

Ces grilles se trouvent à Versailles devant le château ; l’arceau, lui, est devant l’escalier des ambassadeurs, les ornements étaient tous dorés, le reste était en noir, en a on voit les grands poteaux contre la porte d’entrée. b. les petits poteaux contre les grilles c. est surélevé de 2’, et les grilles font 10’ de haut.

Cette grille se trouvait dans l’église du Val de Grâce devant le chœur où se trouve l’autel, les ornements étaient dorés

[33]{78.}
[[Détail d’un luminaire]]

Dans les cours, bien souvent l’éclairage est fait aux lanternes qu’on accroche au mur grâce à une sorte de boîte et un système de verrou

Au palais Brion se trouvait l’académie de peinture et de sculpture, tenue tous les soirs. Ainsi, cinq fois par semaines, un architecte y donnait une conférence publique sur la géométrie et l’architecture.

Le jardin royal au faubourg Saint-Victor est un jardin aménagé pour les Médecins, très bien conçu : tout d’abord sur les côtés il y avait des bâtiments voûtés servant à abriter les plantes en hiver, ils ont planté sur une éminence les herbes qui poussent habituellement dans la montagne, et il y avait également un marais et des terres humides, et au bout un assez grand jardin

Au grand Arsenal, en plus des canons, on a fondu beaucoup de statues du roi, de la manière suivante : tout d’abord on modèle l’objet avec de l’argile, puis on coule dessus une couche de cire de l’épaisseur d’un doigt pour en reproduire la forme. L’image ainsi démoulée en cire est assemblée à nouveau et le fondeur recouvre l’intérieur avec un gâchis de plâtre puis on donne à la cire la même apparence que celle du premier modèle formé par le maître, ensuite celle-ci est recouverte de plusieurs fines couches de gâchis avec un pinceau, jusqu’à ce que la couche ait atteint l’épaisseur d’un doigt, puis on met une pâte de gâchis plus grossière, formant une couche épaisse, et on stabilise le tout grâce à des barres de fer dans le sens de la longueur et de la largeur, afin que le moule ne rompe pas lorsqu’on y coule le métal, et alors on place cela dans un endroit très chaud

[34]79.

afin que la cire puisse fondre et puis on la met dans le four, mais avant qu’on ne la recouvre {encore} de gâchis, on introduit par le haut plusieurs tiges de coulée pour atteindre toutes les parties de l’œuvre, si bien que l’objet ressemble à une grosse racine, autour de laquelle rebiquent plusieurs petites. Quand l’objet est terminé, il est retravaillé et ciselé par des orfèvres, des fourbisseurs et des ferronniers.

Les Gobelins sont situés au-delà du faubourg Saint-Jacques ; où y tisse beaucoup de belles et grandes tapisseries qu’on teint aussi sur place ; on y fabrique également des tables serties de toutes sortes de pierres rares. En particulier on a pu y voir la confection d’une galerie décorée d’écailles de tortue, faite de cette manière : les pilastres étaient rouges comme des écailles de tortue, et dans les espaces vides on avait placé des miroirs, et le verre était lui-même décoré de festons faits de pierres précieuses mais seulement françaises, les bases et les chapiteaux {des pilastres} étaient en laiton doré au feu, le fond était seulement en corne peinte en bleue. Entre les pilastres il y avait des cadres portant des miroirs

[35]{80.}

A Paris on compte 44 paroisses, avec en tout 600 cloches avec clochers, plus de 30 autres églises, 45 monastères d’hommes, 45 abbayes pour femmes, 80 prieurés ou collégiales, 60 collèges, 30 hôpitaux, 200 000 hommes en âge de porter les armes, 2 000 000 âmes, 50 000 maisons, 720 rues, 25 places publiques, 10 portes de ville, 10 ponts, tous les ans on consomme 50 000 bœufs, 20 000 vaches, 40 0000 moutons, 10 000 veaux, 50 000 porcs.

Voici quelques salles de jeu de paume, l’échelle est le demi-pied de Paris dessiné ci-contre, je montre celles qu’on considère comme étant les meilleures de Paris.

[36]81.

Les meilleures salles de jeu de paume de Paris sont les suivantes, je les ai mesurées moi-même ; on peut y observer que la lumière y entre deux côtés, et qu’elles sont pavées de manière à former un sol bien plat.

Jeu de paume à la ville d’Orléans, rue des quatre vents au faubourg Saint Germain. C’est d’après ce modèle que celui de Versailles a été construit.

  • La longueur A B est de 87’ 8’’
  • La largeur C D est de 27’ 4’’
  • La hauteur a b 42’
  • La hauteur du petit trou est de 1’2’’Note: Petite ouverture située dans un coin du jeu de paume et qui apporte des points si la balle y pénètre.

L’échelle est le pied de Paris, 1 pied fait 12 pouces, et un demi {pied} est dessiné ici en F

Salle avec table pour se désaltérer

[37]82.

Jeu de paume au faubourg Saint Germain rue du mauvais garçon

  • Longueur totale A B 87’ 4’’
  • largeur C D 26’ 4’’
  • hauteur 42’
  • Hauteur de la galerie 6’.7’’
  • Hauteur de la balustrade 3’1’’
  • Grand trou depuis le toit haut 2’10’’

Jeu de paume au faubourg Saint Germain rue de Bussy au cheval d’or

  • Longueur A B 87’2’’
  • Largeur C D 26’9’’
  • Hauteur totale 41’
  • Hauteur des murs 18’
  • Hauteur de la balustrade 3’
  • Hauteur de la galerie 6’9’’
  • Longueur du grand trou depuis le petit toit 3’
  • Mur en d galerie 3’ de hauteur
[38]83.

Jeu de Paume rue de Mazarin au faubourg Saint-Germain qui appartient à Monsieur Jourdain et qui se différencie des autres en ceci que l’angle fait une saillie, qu’il n’y a pas d’orifice ; mais en revanche la galerie est ouverte comme le montre le plan.

  • Longueur de A à B, 87’6’’
  • Largeur en C D, 28’3’’
  • Hauteur, 42’
  • Hauteur des murs 16’
  • Hauteur de la galerie 6.7’’
  • Hauteur de la balustrade 7 ? 2’’

Galerie en x
Cette galerie, comme dans d’autres jeux de paumes, est pourvue de grilles.

[...]
[39]85.

Louvre ou palais du Roi à Paris, la construction a été commencée, mais n’est pas terminée

La façade donnant sur la Seine en B

La façade côté Pont neuf A

Note : Chaque face des frontispices est faite avec un seul bloc de pierre, la longueur est de 52 pieds, mesure de Paris, et les colonnes et pilastres sont cannelés et de l’ordre corinthien.

[40][8]6.

Cet élément agrandi appartient à D

[41]87

La moitié d’une façade intérieure en D, en tout il y a 3 niveaux en style corinthien, les pilastres et les colonnes sont également cannelés.

Figure 2. Palais des Tuileries

attique

Sur la partie inférieure, les colonnes ioniques étaient décorées de cette manière :

Galerie au-dessus des arcades de b jusqu’à c, courbe dans la corniche de manière à former une balustrade.

a médaillons, toutes sortes de couronnes, de mitres d’évêques, de perles, de chaînes, etc.

[42]88.

En a se trouvent 2 pilastres, indiqués sur le plan {par un astérisque}

Le palais des Tuileries est construit sur une ligne droite, derrière se trouve un jardin. C’est pourquoi on n’y trouve pas de portes de bois sur le devant, mais des grilles, et le long du palais on a trois marches qui mènent au jardin. À l’entrée, sous le pavillon central, il y a un escalier élégant, déjà décrit, qui mène à un vestibule sous le pavillon central. La hauteur de cette salle monte jusqu’au 3e niveau, et le plafond est voûté de forme ronde avec au milieu un compartiment rectangulaire. De cette pièce on arrivait dans une grande salle également voûté. Le plafond et le sol sont en bois, et il y avait de belles armoires en écaille de tortue, appelées cabinets, puis suit une enfilade de pièces ; derrière cette salle on trouve une galerie de passage surbaissée, avec en certains endroits des plafonds voûtés de forme ronde et avec des compartiments soignés, décorés de peintures ou bien d’effets de perspective ; certains plafonds étaient inclinés et ressemblaient à des tentes ou pavillons, étant peints en perspective.

[[Détail d’un plafond d’une salle non identifiée du palais des Tuileries à Paris]]

Dans une pièce il y avait un beau lustre en cristal, mais comme au centre du plafond se trouvait une belle peinture, on l’avait suspendu à l’aide de 4 cordes auxquelles étaient accrochés de gros glands dorés.

[[Détail d’un plafond d’une salle non identifiée du palais des Tuileries à Paris]]

Dans le pavillon à côté de la Seine se trouvait un petit théâtre, {dans l’aile opposée} à droite il y avait plusieurs pièces et le grand théâtre qui est vraiment splendide et richement décoré, avec un amphithéâtre

[43]89

comportant 2 galeries superposées avec des pilastres dégagés. Dans le parterre des sièges et un espace pour assoir la famille royale, le plafond est en bois sculpté et doré, il y a un beau portique sur l’avant-scène du théâtre, la scène peut être inclinée en étant tirée par des hommes. Ils se tiennent 8’ sous le plancher. Chaque scène est actionnée par 2 ou 4 personnes. Le bruit du tonnerre est imité à l’aide de grosses billes qu’on fait rouler dans une longue boîte, et pour le coup de tonnerre, on fait tomber les billes d’une hauteur de plusieurs pieds par terre sur un autre plancher. Pour imiter avec la machine la lumière dans les nuages, on dédouble les nuages {placés les uns derrière les autres} ; et on positionne des sources de lumière au milieu. Dans le dernier opera dans lequel on a appliqué ces techniques, on a eu besoin de 500 personnes pour réussir à tout mettre en œuvre, ainsi que de 4 000 chandelles.

Le palais des Tuileries et le Louvre sont réunis par une longue galerie qui longe la Seine ; à l’étage se trouve une galerie de 700 pas (243 toises), large de 12 pas (5 toises). Entre les fenêtres on trouve des piliers, avec entre ceux-ci deux pilastres de l’ordre corinthien, et au centre se trouvait une sorte de plaque carrée de bois qu’on pouvait rabattre vers le bas, comme une table amovible, sur laquelle se trouvait la reproduction en bois d’une forteresse ou d’une ville du royaume, et au-dessus, sur un panneau, était peinte la même ville. Toute la galerie était faite de cette façon.

Le Jardin des Tuileries se trouve derrière le château dont il porte le nom. Il est agencé avec beaucoup de régularité. On y trouve une espèce d’arbre ressemblant au châtaignierNote: Les châtaigniers en questions sont des marronniers d’Inde., mais les fruits de mûrissent pas. Ils poussent cependant très bien et ils ont des feuilles très larges. De même on y trouve une espèce de sapin dont les arbres sont taillés de diverses manières pour décorer le jardin.

[[Détails d’arbres décoratifs dans le jardin des Tuileries à Paris]]
[44]90.
Figure 3. Jardin du palais des Tuileries

En a le sol était surélevé, mais on pouvait y aller aisément en voiture et à pied ; en b on pouvait redescendre, sinon l’ensemble du jardin est plat, et on trouvait en b de petits buissons et en c les parterres sont composés de pelouse et, pour le reste, de terre dans cette partie, en d des charmilles traversées d’allées, et les parterres allongés sont entourés de buissons de groseilliers et groseilliers à maquereaux. Dans toutes les allées sont plantés des arbres, mais là où j’ai indiqué des cercles ou bien des petits carrés, ce sont des arbustes taillés en pyramides comme décrit plus haut.

L’escalier en h

[45]9[1.]
Figure 4. L’Hôpital royal ou l’hôtel de Mars, nommé aux Invalides

La cour en A est bordée sur tous ses côtés de doubles arcades superposées.

Dans les petites cours en g seuls les passages formant une croix sont pavés, tout le reste est de pelouse ou de sable

Les fossés sont bordés de jardins ou de potagers, c’est pourquoi on trouve des fontaines aux angles

9’ une arcade extérieure
5 largeur d’un pilier
3 épaisseur d’un pilier
12 largeur des passages mais ils sont sur tout leur long voûtés comme le portique.
Le portique est surélevé d’une marche, les colonnes se trouvent en x.

Cuisines
Église
Cuisines
Arcades

5 arcades
16 arcades
3 arcades
10 arcades

Bâtiments sans étage supérieur menant à la ménagerie.
Entrée
Bâtiments menant à la boucherie, la boulangerie, la buanderie, etc.

17 Fenster mit Thor17 fenêtres avec portail d’entrée
3 f. avec portail
Avant-cour A

Guérite a

34’ Profil du fossé

[46]92.

La moitié de la façade en A. Devant les piédestaux est placé encore un piédestal sur lequel sont assis Mars à droite et Pallas ou Bellone à gauche.

Au-dessus des arcades, la clef d’arc porte en médaillon des têtes d’Hercule ou de lion.

Sur le balcon en g

Façade de l’église donnant sur la cour en B, sur le frontispice on voit un cadran, à sa droite un vieil homme avec une faux, et à sa gauche une femme tenant une flèche, ces deux figures semblent flotter dans les airs

Comme en a les arcades font tout le tour de la cour.

[47]93.

Ceci est la façade en C ou D.

Les colonnettes de la balustrade sont rondes.

D’ordinaire 2500 estropiés sont soignés dans cet hôpital

Ours ou lion

Lucarne donnant sur la cour à intervalles variés

En a

sacristie b en d le maître-autel des deux côtés des portes en laiton

Plan de la coupole et de l’église aux Invalides

[[Vue du plafond d’une chapelle latérale de l’église du Dôme de l’hôtel des Invalides à Paris]]

Balustrade qui fait tout le tour, elle n’est pas ajourée

Corinthien

L’imposte en haut en i est une architrave

Il y a 9 arcades, la dernière {vers l’autel} étant incurvée, elles ont toutes la même forme, sauf celles qui se trouvent sous l’orgue {sur le devant de la nef}, dont les latérales sont abaissées, tandis que celle {du milieu} sous l’orgue est surélevée.

Profil

Sur les côtés

7’ un pilier
12’ longueur des arcades
31/2 largeur des pilastres
1/2 avancée des pilastres
42 largeur de l’église
9 longueur des arcades
2 épaisseur des murs

[48]94.

Façade de l’église avec la coupole des Invalides, tout cela a été fait de fort belle et agréable manière, cela a coûté 10 000 thalers. La coupole et la 1ère arcade font environ 10 pieds de haut.

L’ordre utilisé au niveau inférieur est le dorique. Dans la frise on trouve, entre les triglyphes, en d les métopes sur lesquels sont représentés les instruments de la passion du Christ, l’autre ordre utilisé est le romain.

[[Coupe du tambour de l’église du Dôme de l’hôtel des Invalides à Paris]]

Profil

[49]95.

L’église au Val de Grâce, considérée comme étant la plus belle de tout Paris.

[[Plan de l’église de l’abbaye du Val-de-Grâce à Paris]]

en haut les arcades sont décorées au-dessus de b

a sur une banderole que tiennent des enfants est écrit ‘Gloria in excelsis Deo’ Ordre romain

Romain

Cet autel est fait avec un marbre particulièrement beau, brun-rouge, mais cependant clair et lumineux, les éléments torsadés à rainures sont en pierre naturelle, les chapiteaux et bases {des colonnes} ainsi que tous les ornements sculptés sont dorés.

Profil de l’église et de la coupole. La voûte est recouverte de la gloire céleste dans les nuages avec des milliers {de personnages}. En a se trouvent les 4 évangélistes assis.

Fenêtre

Les pilastres sont saillants et dépassent le mur de 1/8 et ont des cannelures de 1/2, certaines plates, d’autres en demi-cercle comme ci-dessous

Corinthien 31/2 de large

[50]96.
Figure 5. Façade et coupole du val de Grâce

Saint-Pierre de Rome et la haute coupole 7 toises 3 pieds. et le diamètre avec le mur 26 toises à l’intérieur 221/2 toises.

16 fenêtres, et le diamètre est de 21 toises

[[Détail de la balustrade de la lanterne de l’église de l’abbaye du Val-de-Grâce à Paris]]

Enfants avec des urnes sur la tête

Romain
Corinthien

La façade latérale en B.

Il y a 15 marches

‘Jesu nascenti Virginique matri’ {inscrit} dans la frise

[[Vues de pots-au-feu de l’église de l’abbaye du Val-de-Grâce à Paris]]

Après on trouve les pavements en marbre

[51]97.
[[Vue du pavement de marbre de la croisée de l’église de l’abbaye du Val-de-Grâce à Paris]]
[52]98.
[53]99.
Figure 6. Eglise de la Sorbonne à Paris

Épaisseur de chaque colonne, 8 marches

Romain
Corinthien

[54]100.

Ce côté donne sur le Collège de la Sorbonne, le toit au-dessus de la lanterne en cuivre, la balustrade au sommet et les rainures sur la calotte sont tous dorés. Au-dessus du portique, dans la frise, est écrit ‘Armandus Joannes Card. Dux Richelieu. Sorbonne Provisor, adificavit domum et exaltavit Templum Sanctum Domino 1642.’

[[Vue de la façade sur cour de la chapelle du collège de la Sorbonne à Paris]]

Profil de la coupole

[55]101.

Meudon, le pavillon

L’entrée de Meudon

[[Vues de statues du portique du château de Vincennes d’après une gravure des Pérelle]]

Le monastère du Val-de-Grâce fut achevé en 1668

[56]102102a
[[Vue de la coupole de l’église Notre-Dame-de-l'Assomption d’après une gravure de Marot]]

Bien que dans les jardins on forme de hautes haies en espalier, les piédestaux peuvent être en pierre, et on met des statues ou des vases dessus

[[Vue d’une fenêtre non identifiée]]
[57]102b

La vue du monastère royal du Val-de-Grâce

Vue de la grotte de Rueil

[58]103

A la Sorbonne

[59]104

Saint Louis autel

[60]105.
Figure 7. L’église Saint Louis ou nommée aux grands Jésuites

Plan

En a on trouve le chœur avec l’orgue, et comme en haut il y a une fenêtre, l’orgue n’a que deux tourelles, afin de ne pas empêcher la lumière d’entrer. En b en haut la corniche est continue, mais l’architrave fait une saillie, si bien qu’on a rajouté à la corniche un pignon.

Profil de la coupole Celle-ci a 4 fenêtres et 4 niches, la lanterne a 4 fenêtres

Façade

Corinthien
Romain
Corinthien

Tout ceci sont des colonnes, elles sont construites à une distance de 3/4 des pilastres mais ici à 1/8.

[61]106.
Figure 8. L’église des Quatre-Nations à Paris avec le collège

Cette église ainsi que le collège se trouvent en face du grand pavillon central du Louvre, offrant une vue superbe, la coupole est ovale et comporte 8 fenêtres, en b sont assis des évêques, d est une architrave soutenue par des pilastres {de l’ordre} ionique, au-dessus {on voit} un attique, suivis de pilastres corinthiens.

Frise

La Seine, fleuve

En a on trouve également le maître-autel

Plan

Les petits pilastres en c sont corinthiens. Pilastres avec chapiteaux

Corinthien

Profil

[62]107.

En A se trouve une pierre identique à celle qui se trouve dessus en C

[63]108.

Pavage dans l’Eglise des Quatre Nations devant l’autel

[64]109
Figure 9. Paroisse au faubourg Saint-Jacques avec les deux clochers sur les côtés (Pitzler se trompe, seul un des deux clochers a été réalisé.).
Figure 10. Façade de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais l’invention de l’architecte La Brosse

En a sont assis les 4 évangélistes, toutes les colonnes et tous les pilastres sont cannelés.

Dorique
Ionique
Corinthien

Figure 11. Plan de l’église Saint-Sulpice au faubourg Saint-Germain

En a se trouve un orifice ou coupole, pour que la lumière puisse entrer dans cette allée

Profil

Aspect extérieur des fenêtres

[65]110.
Figure 12. L’église des Petits Pères (L’élévation et le plan ne correspondent au couvent des Augustins déchaussés dit les Petits Pères.) à Paris

Facade

Dans la rue Saint-Honoré se trouve un couvent de monialesNote: Pitzler se trompe, il ne s’agit pas d’un couvent de religieuses, mais d’un couvent de religieux de l’ordre cistercien réformé des Feuillants.

Facade

Dans l’église des pères de l’Oratoire se trouvait en haut une galerie faite de cette manière, les pilastres sont {de l’ordre} corinthien. Les petites colonnes sont aussi corinthiennes et sont sur 3/4 de leur épaisseur accolées aux grandes.

On trouvera ici diverses façades de petites églises, construites pour des monastères, hôpitaux, maisons d’enfants trouvés ou orphelinats

[66]111

Tabernacle dans l’église des Carmes déchaussés, la statue de Marie a été exécutée par Le Bernin et on lui accorde beaucoup de valeur.

L’autel dans l’église des Carmes

Aux AugustinNote: Il pourrait s’agir de l’une de ces trois églises.

Voici encore plusieurs épitaphes, avec une inscription ressemblant à ceci

Celle-ci est accrochée à un pilier

Ceci est en marbre noir mais les rainures a sont en marbre rouge

Ceci est en marbre noir

[67]112

Dans l’abbaye Saint-Germain {des Prés}

Du roi de Pologne Jean Casimir, à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés

Le roi est à genoux et remet à Dieu son sceptre et sa couronne, {sa statue} est en marbre blanc, {l’énumération} des faits de guerre est en

Tombeau du comte de Turenne dans l’ église {abbatiale} de Saint-Denis

Celui-ci est en marbre blanc, la pyramide est en marbre jaune, le fond en est noir, les palmiers et les armes sont dorés. {Turenne} est allongé sur une dépouille de lion, sous sa tête se trouve une urne de laquelle coule de l’argent, et derrière lui se tient {la statue de} fama fortuna qui lui pose une couronne sur la tête.

Façades de bâtiments conventuels

[68][113]

Les couvents sont généralement entourés d’une cour carrée, bordée d’arcades sur tout le pourtour, à l’intérieur des arcades on a une sorte de parapet d’un 1’ de haut, et des grilles de fer montant jusqu’à l’imposte, de sorte à ce que la cour se transforme en jardin d’agrément, tandis que l’église est placée devant une place ou une rue principale, derrière les arcades sont des voûtes, et il y a aussi une cave, une cuisine et d’autres salles, mais ces pièces sont de préférence au sous-sol, tandis que les réfectoires sont au rez-de-chaussée, et les cellules en haut ; il y a aussi un appartement réservé au père prieur et une pièce pour la bibliothèque, ainsi qu’un endroit pour les latrines et une salle pour les malades. Note : le couvent des Cordeliers, dans la rue des Cordeliers et l’abbaye Saint-Germain-des-Prés, à l’intérieur. L’hôpital est construit, ainsi qu’une église, à côté d’une voie publique,

des bâtiments sont construits sur les côtés pour former une cour, et tout autour on a comme une salle ou galerie, les lits sont disposés perpendiculairement aux murs et au milieu reste un passage ; il y a également un espace au rez-de-chaussée réservé à la ménagerie, au premier étage une autre pièce réservée aux convalescents. De même pour le prêtre médecin et chirurgien et le père abbé.

Les hospices pour indigents, vieillards, orphelins et enfants trouvés ont d’autres agencements de pièces, et ont également une église là où c’est possible, ainsi qu’un endroit pour la ménagerie, diverses salles où dorment ensemble 6, 8, ou 10 personnes tout comme aux Invalides, ainsi qu’un appartement pour le directeur de la maison et une pièce pour les malades.

[69]114
Figure 13. Navire royal

Ce bateau se trouvait à Paris sur la Seine, pour l’amusement du roi.

Figure 14. L’arc de triomphe devant la Porte Saint-Antoine à Paris

La construction de cet arc de triomphe a certes été commencée, mais s’est arrêtée aux pié- destaux, on a une maquette à taille réelle en plâtre, et au sommet se trouve la statue équestre du roi, dans les médaillons de forme ovale il est prévu de mettre des bas-reliefs représentant ses hauts faits.

C’est une œuvre de M. Blondel

‘LUDOVICUS XIV.’

Les côtés A

[70]115.

Les virtuoses et célèbres artistes se trouvant à l’époque en France et particulièrement à Paris sont les suivants :

  • M. Blondel, architecte, décédé
  • M. Perrault, architecte
  • M. Charles Le Brun, peintre
  • M. Mignard, peintre
  • M. Girardon, sculpteur
  • M. Desjardins, flamand, sculpteur
  • M. Audran, graveur
  • M. Edeling, flamand, graveur
  • M. de Vauban, ingénieur {et} général
  • M. de Ville, maître de machine de Liège
  • M. Keller, Suisse, fondeur au Grand Arsenal
  • M. Chapeteau, fabriquant d’instruments
  • M. Roëttiers, médailliste flamand
  • M. Petitot, miniaturiste en émail

‘LUDOVICUS MAGNUS’

Histoires

Figure 15. Porte St-Denis, dessinée par M. Blondel

‘LUDOVICUS MAGNUS’

Figure 16. Porte St-Martin, dessinée par M. Blondel
Figure 17. Porte de la Conférence

Voilà ce que j’ai pu remarquer à Paris, et maintenant je veux sortir de Paris et décrire les maisons de campagne des princes, et commencerai par Versailles.

[71]116.

Quand le chancelier Le Tellier est décédé, on a installé un castrum doloris dans l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, il y avait un piédestal haut de 3 marches sur lequel était agenouillé le défunt, il était vêtu d’une longue veste de velours pourpre, doublée de velours cramoisi ; devant lui était posé un livre ouvert, sur toutes les marches il y avait des chandeliers d’argent, aux angles il y avait 4 pyramides avec flambeaux et armoiries, au-dessus un baldaquin avec des festons et dentelles, à l’intérieur une croix de couleur blanche, et des armoiries sur des panneaux.

Mausolée de la dernière reine de France à être décédéeNote: Pitzler se trompe en indiquant le mausolée « de la dernière reine de France décédée » (c’est-à-dire Marie-Thérèse d’Espagne, reine de France, épouse de Louis XIV, décédée en 1683) ; le relevé du catafalque qu’il donne ici est celui élevé à Saint-Denis pour Henriette-Marie de France, reine d’Angleterre, décédée en 1669.

Figure 18. Castrum doloris du prince de Condé dans l’église Notre-Dame

A : l’entrée du chœur, en bas la représentation de Mars et de la Victoire en deuil, B : l’intérieur au milieu du chœur sous lequel se trouve un tombeau C : fait tout le tour du chœur en hauteur

[...]
[72][119.]

Après avoir noté ce qui m’avait semblé de remarquable à Paris, je veux maintenant rapporter ce qu’il y a comme châteaux des princes et seigneurs à la campagne, et commencer ici par la résidence royale de Versailles. Ce Versailles appartenait à l’origine à un certain gentilhomme et ministre d’Etat de Loménie, qui a commencé à le construire en 1560, mais en 1572, ayant été tué lors du massacre de la Saint-Barthélémy à Paris, ses biens sont retournés au fisc de la couronne, et la situation est restée telle quelle pendant longtemps. Louis Treize a fait agrandir la demeure pour en faire un château de forme rectangulaire, et mourut peu après. Le roi actuel, Louis Quatorze, a toujours beaucoup aimé ce lieu, et c’est pourquoi il a commencé en 1661 à le transformer en un château royal avec sa cour, mais avec l’ordre de ne rien ôter de ce que son père avait construit, et de continuer à bâtir le château de la même manière à l’extérieur. On a suivi son ordre pour tout l’ensemble, que les bâtiments soient faits en brique ou imitent celle-ci. C’est ce qui a donné tous ces bâtiments, une construction assez étonnante et rare à la fois. En ce qui concerne la situation de l’édifice, il se trouve sur une hauteur ou colline, avec une vallée bordée à une heure de là de montagnes, le sol est marécageux, peu fertile, et l’eau n’est pas saine. L’endroit est à 4 lieues françaises de Paris, et sur la même route à 2 lieues de la Seine.

[73][120.]

Comme je l’ai indiqué, le château est bâti sur une colline, les cours et bâtiments sont construits sur une pente, en bas de celle-ci on trouve 2 belles écuries et derrière celles-ci des bâtiments pour la chasse et la fauconnerie, et la petite ville est bâtie tout autour ; sur la pente derrière le château on a le jardin, et dans la plaine se trouve le canal. Voici le plan du château et des écuries : du chemin royal ou de la rue principale on arrive de Paris en A, sur les deux côtés {on a planté} des allées d’arbres, B est un pavillon de chasse où sont les chiens de chasse, et devant se trouve en a une maison où habite un capitaine de chasse, En b il y a de nombreuses cours, en c sont les logements des employés pour la chasse, sous ces appartements il y a des pièces de bas plafond pour les chiens ; à l’avant des cours étaient des grilles de fer ; en face était la fauconnerie, construite de la même manière, à l’entrée se trouvait une porte cochère en C, à son sommet dans le mascaron une tête de cerf, et sur celle de la fauconnerie un faucon.

[[Vue d’un portail d’une des écuries du château de Versailles]]

Quand on continue on arrive aux écuries, celle en D étant appelée la grande écurie et celle en E la petite écurie du roi. Ces bâtiments sont construits sur deux niveaux, ils sont en pierre de taille, mais certaines sont peintes en rouge comme des briques, ou bien en couleur chair qu’on appelle bailletNote: Pitzler décrit à plusieurs reprises des façades de briques ou peintes en rouge. On trouve les deux à Versailles. , mais seulement sur les façades extérieures ; devant et dans la cour {d’entrée} les pierres conservent leur couleur naturelle ; le coté F est dessiné ici.

[[Vue d’une façade latérale d’une des écuries du château de Versailles]]

A l’entrée en D, les grilles de fer sont posées sur un muret de 2’ de hauteur ; en c il y a des logements, en f il y a un manège, en g des cours, en i des écuries à un simple alignement, si bien que les chevaux ne se trouvent pas sur deux rangées mais sur une seule, en h il n’y a qu’un mur devant la cour qui rejoint F. En K il y a une grande place pour faire de l’équitation et faire courir les chevaux, l’écurie E est semblable en tous points à l’autre, et à l’étage habitent les pages avec les maîtres d’exercices.

[74][121.]

Le Carrousel a été donné dans l’écurie E, en d c’est la façade de celle-ci et le porche, et au-dessus de la porte on voit 3 chevaux représentés jusqu’à mi-corps.

a cavalerie armures

On arrive à une place dégagée en G ; en m, comme on doit monter une côte, il y a sous la terrasse un endroit pour les latrines, et la maison en n est en partie très haute, en partie très basse, au sous-sol, au lieu de caves en o on a des corps de gardes, de ce côté pour la garde française, et de l’autre côté également pour la garde suisse, en p on va au château en entrant par la première cour, séparée du reste par des grilles de fer dorées, avec en bas un muret de 2’ de haut, en q il y a des guérites sur lesquelles on a représenté les 4 saisons assises, Note: Il ne s’agit pas des Quatre Saisons, mais des sculptures de la Soumission de l’Espagne et du Saint-Empire, ainsi que celles de la Paix et de l’Abondance. avec les fruits que produisent les différentes périodes de l’année, en r on a une côte qu’on peut monter en voiture. Comme le bâtiment doit être à l’horizontale, on y a mis une balustrade en s. La maison H est aussi construite en briques, comme je l’ai dessiné ci-contre, I est un bâtiment presque semblable à H, on y trouve les offices de bouche des communs. En t on pénètre dans une autre cour, bordée comme la précédente de grilles. Les bâtiments K ressemblaient à ceci, également peints de façon à imiter la brique, et ce bâtiment était réservé aux offices de bouche du Roy. On trouve d’abord sur chaque façade 6 colonnes dégagées du mur, si bien qu’on peut passer dessous comme sous un portique, sur ces colonnes se trouvent des statues représentant les quatre éléments, car ceux-ci sont nécessaires à la vie de l’homme.

[75][122.]

Car la terre donne des animaux, des fruits, des fleurs et à boire, l’eau des poissons, l’air des oiseaux, et le feu permet de les apprêter, et ces allégories sont représentées {sur l’aile des Offices} de droite, en commençant à gauche, par Cérès, Pomone et Flore, l’eau par Neptune, Thétis, et Galathée ; sur les 6 autres colonnes {de l’aile des Offices opposée}, l’air est symbolisé par Junon, Iris et Zéphir, le feu par Vulcain et deux Cyclopes, à savoir Stéropès et Brontès.

Les offices de bouche sont : l’office du gobelet, la paneterie et l’office de la fruiterie. Le toit de ces bâtiment est doté d’une balustrade sur tout son pourtour, et est abondamment orné, les lucanes du toit le sont tout autant, et les ornements étaient la plupart du temps dorés à l’or fin, de cette manière ⊗.

[[Vue d’un toit d’une des ailes des Ministres du château de Versailles]]

Le bâtiment latéral en L comprend 3 cours ; c’est là que logent en général les princes de sang, comme il est surbaissé par rapport au château, on y a mis la cuisine, et sur les trois avant-corps on a 3 pavillons qui font seulement un étage de plus, imitant également la brique ; l’autre côté, ou aile gauche, n’est pas complètement terminé. En M se trouvent l’appartement et d’autres pièces réservées au Dauphin, en v on a 4 colonnes de marbre rouge placées sur des piédestaux sur lesquels on a des balcons avec de belles balustrades en laiton doré. En N se trouvent les appartements du Roi, et en x on monte plusieurs marches qui mènent à la cour pavée de marbre rouge et blanc, dont chaque dalle fait 11/2 de côté ; en y on a 8 colonnes de marbre rouge sur des piédestaux avec des balcons, ce bâtiment ne fait que deux niveaux, au centre il y a un balcon avec de nombreuses armoiries, et derrière ces 8 colonnes sont 3 arcades, formant un portique ouvert, et quand on entre on trouve encore 7 ouvertures en arcade, permettant de regarder dans le jardin, et le milieu de la voûte est supporté par des piliers.

[76]123.

Trianon

Ménagerie

[77][124.]
[[Disposition générale du château de Versailles (Écuries)]]
[78][125.]
[79][126.]

Château

Orangerie

[80]127.

En Z son extérieur ressemble à ceci, il est aussi en imitation de brique, et dans la cour pavée de marbre citée plus haut il y a ceci ⨀

Profil

Au sommet du toit on a une balustrade de pierre et sur les piédestaux de beaux vases.

Dans les trois arcades en Z en entrant sur le côté droit on tombe sur l’escalier d’audience ou royal, qui mérite vraiment cette appellation. Devant les trois arcades on trouve de belles grilles de fer, abondamment dorées à l’or fin, l’escalier est fait de nombreux éléments de marbres rouge et multicolore, au sommet on a une coupole entièrement ouverte, juste recouverte de plaques de verre faisant miroir, ce qui donne beaucoup de lumière aux escaliers, et avant cela il y a 3 arcades tout en marbre, tout comme la voûte du plafond.

Escalier d’audience

En a il y a une marche, en b 2 marches, en haut des arcades, on trouve en x également une rampe.

En tout il y a 35 marches, chacune fait 51/2’’ de haut, et de la porte en g on va aux appartements royaux, en h dans les 7 appartements

En c une arcade, les ornements sculptés sont dorés

Un pavage en d

L’escalier d’audience, un peu en perspective, est fait entièrement en marbre ; chapiteaux, bases et ornements sculptés sont dorés, en e il y a une belle peinture, en f {la voûte est} recouverte d’une verrière.

[81][128.]

De cet escalier on arrive aux 7 appartements de parade, qui sont décorés de diverses sortes de marbres, surtout les ébrasements des fenêtres, sinon on y trouve aussi de belles tapisseries précieuses, et comme l’emblème du roi est le soleil, ces pièces sont ordonnées selon les 7 planètes, placées au plafond de chaque pièce ; dans un grand panneau est peinte une planète, et dans les petits panneaux sont représentées les actions correspondant à la planète en question.

Plus on s’approche de la galerie, plus la décoration des pièces est belle. La première pièce est une antichambre de 51/2 toises de long et 5 toises de large, l’encadrement des portes et des fenêtres est fait de marbre rouge, l’ébrasement des portes et fenêtres en marbre blanc avec des panneaux de marbre tirant sur le vert ; dans l’autre pièce, la salle des gardes, l’encadrement des fenêtres et des portes est en marbre rouge, le fond est blanc, les panneaux sont noirs et jaunes ; la troisième pièce, une antichambre, a des encadrements de portes et fenêtres de couleur brun-rouge, le fond étant blanc, et les panneaux étant de marbre vert ; la quatrième pièce a des encadrements de portes et fenêtres de couleur verte et brun-rouge avec des veinures vert-blanc, tandis que les panneaux sont de couleur rouge avec des bordures en noir ; la cinquième pièce est le grand cabinet, avec des encadrements de portes et de fenêtres noirs avec des veinures jaunes, les panneaux sont blancs ; la sixième, une petite chambre à coucher, a des fenêtres et des portes au cadre couleur feu, les tentures étant dorées ; la septième pièce, un petit cabinet, a des encadrements vert-rouge avec des veinures blanchesNote: Pitzler se trompe, au moment de son séjour à Versailles les deux dernières pièces ont été remplacées par la galerie des Glaces. Le « grand cabinet » est devenu le salon de la Guerre. . Ces pièces sont quasiment toutes dallées de marbre, on y a placé divers emblèmes, et elles sont décorées de bustes, vases et statues, avec sur les portes des ornements sculptés en bois, celles-ci sont d’ailleurs à deux battants et surmontées, comme je l’ai déjà dit, d’ornements sculptés. Les alcôves ne sont surélevées que d’une marche avec une balustrade traversant toute la pièce ; dans ces alcôves, on trouve par contre un beau parquet marqueté, et là où il y avait des tentures, le bas du mur était recouvert d’une boiserie en bois blanc de 3’ de haut, dorée ou bien en marbre.

[82][129.]
[[Vue d’une porte dans le Grand Appartement du Roi du château de Versailles]]

Plancher

Plancher

[[Vue d’une balustrade dans le Grand Appartement du Roi (Salon de Mercure) du château de Versailles]]

Alcôve d'audience

[[Vue d’un trône dans le Grand Appartement du Roi (Salon d’Apollon) du château de Versailles]]

Nous arrivons maintenant à la Grande Galerie. Elle donne sur le jardin, est longue de 18 arcades de fenêtresNote: Pitzler se trompe, il y a en réalité 17 fenêtres. ou 98 pas ou 245’ et 40’’ de large, {est} entièrement en marbre sauf le sol qui est un parquet de bois comme le montre le dessin ci-dessous ; le plafond est voûté et cintré, et décoré d’excellentes peintures, à peu près de la manière indiquée ci-dessous. A l’entrée de la dernière et septième pièce, comme à celle des appartements royaux, on trouve à l’intérieur cette façade, dont voici le plan (A).

moulures dorées, le reste est {décoré de} peintures

  • Plinthes rouges,
  • formes carrées sur les piédestaux, imitant la serpentine,
  • décoration des arcs en rouge,
  • tous les éléments de forme carrée imitent la pierre serpentine.
  • Corniche blanche, les moulures dorées
  • Frise blanche, ornements sculptés de couleur or
  • Architrave blanche et moulures dorées
  • Chapiteau en laiton et dorés au feu
  • Pilastre rouge
  • Base en laiton et dorée au feu
  • Cimaise rouge
  • Piédestal blanc
[83][130.]

Dans l’ensemble de la galerie tous les murs sont habillés de marbre blanc veiné de blanc, tous les ornements sculptés mats et dorés, sur le mur en face de ces arcades on trouvait, au lieu de fenêtres, des miroirs aussi hauts et grands que les arcades leur faisant face, cela formait une très belle perspective, et on voyait tout en double. Aux endroits où 2 pilastres se trouvaient côte-à-côte, il y avait une table de marbre, avec dessus un vase de granit. Des deux côtés de cette table {se trouvaient} 2 bustes comme sur le dessin ci-dessous. Devant chaque pilastre {on a placé} de grands vases hauts de 5 à 6’, en argent.

Ces grands guéridons {porte-torchères} étaient disposés le soir dans la galerie, ils sont argentés et hauts de 8’ sans compter les chandelles. A l’intérieur des ébrasements des fenêtres, la surface était également blanche, avec des caissons rouges, et dans les {caissons des} arcades les rosettes étaient dorées. Dans la chambre du roi se trouvaient des tentures entièrement dorées, et au plafond étaient suspendus 12 lustres d’argent et de cristal. Note : {J’ai remarqué} les deux maquettes des villes de Cambrai et Condé qui se trouvaient dans une pièce adjacente ; les murs des villes étaient de couleur verte avec de petites éminences, et les fossés étaient en verre de cristal.

[84][131.]

En face du Grand Escalier du roi se trouvait l’escalier menant aux appartements du Dauphin, lui aussi en marbre ; cependant, les lambris ne sont pas plats, mais en relief comme le montre la vue de profil. Il ne fait qu’un étage, et le plafond est voûté et décoré de peintures.

Les pilastres sont rouges et les chapiteaux sont dorés, entre les colonnes il y a d’excellentes peintures là où il n’y a pas de fenêtres, l’escalier est posé sur une arcade surbaissée.

Dans les ébrasements de fenêtres

J’y ai vu et remarqué particulièrement les dallages dessinés ici.

[85][132.]

Plan de la façade donnant sur le jardin : elle n’est pas peinte en baillet mais est magnifiquement et joliment constituée de pierres de taille ; au niveau supérieur se trouve un attique, la partie médiane est de l’ordre ionique et la partie inférieure est constituée d’un mur à bossage avec une corniche et des moulures comme pour une imposte.

480'. ensemble

Cette façade comporte trois avant-corps ou balcons, sur lesquels on a placé les 12 mois, à savoir à droite les mois de mars, avril, mai et juin, au centre juillet, août, septembre et octobre. A gauche, on a mis novembre, décembre, janvier et février, à l’arrière-plan des enfants en bas-reliefs représentant les activités typiques de ces mois ; au rez-de-chaussée, sur les clés d’arc, en guise de mascaron, on voit des têtes d’hommes et de femmes, âgés de 10 ans à 100 ans. Sur le côté du jardin des fleurs on trouve encore 3 avant-corps ; sur le premier on a placé quatre figures : Flore, Zéphyr, Hyacinthe et Clythie, à l’arrière

[86][133.]

en bas-relief des enfants qui cueillent des fleurs, sur des mascarons on voit des visages de jeunes gens et des jeunes filles portant des couronnes de fleurs, et sur d’autres Pomone Vertumne avec la nymphe Hespéride et à côté d’elle un oranger portant des fruits gardés par le dragon, et la nymphe Amalthée qui porte la corne d’abondance remplie de fruits, sur les bas-reliefs des enfants plantent des arbres et récoltent des fruits, sur les clefs d’arc des visages de jeunes gens et de jeunes filles portant des couronnes de fruits. Au milieu, comme il est prévu d’y placer la salle de la comédie, on a représenté la muse Thalie, Momus en fou, Terpsichore – la muse qui veut danser – et Pan. En bas-relief également des enfants portant des masques et qui dansent ; et dans les niches on a mis dans l’une une statue qui représente la musique et dans l’autre une statue représentant la danse, sur les mascarons des satyres et des visages souriants. Sur l’autre côté, vers la grotte, il y a aussi 3 avant-corps, le premier porte 4 statues : la nymphe Echo, transformée en un rocher, Narcisse, Thétis et Galathée, qui offrent de l’eau, et à l’arrière-plan des bas-reliefs avec des enfants dans l’eau, sur les mascarons des visages décorés de coquillages, sur l’autre avant-corps on voit 2 divinités de rivières, et 2 nymphes des eaux, en bas-relief des triomphes marins, et sur les mascarons des têtes de divinités marines, des nymphes aux cheveux mouillés et couronnées de roseaux. Au centre Cérès et Bacchus qui offrent à manger et à boire, Comus, dieu des festins et de la joie et Génie, en bas-relief des enfants qui boivent et font la fête, des mascarons avec des têtes de silènes, des satyres et des bacchantes, et des niches avec dans l’une Ganymède et dans l’autre Hébé, qui offre des boissons aux dieux,

[87][134.]

Maintenant nous arrivons au jardin du roi, dans le petit et le grand parc. L’endroit qui, en haut, se trouve au même niveau que le château est nommé le jardin, la partie qui descend jusqu’au canal est le petit parc, et le reste, qui fait 10 lieues de circonférence et est entouré entièrement d’un mur, est appelé le grand parc ; c’est là qu’on trouve la ménagerie, le Trianon et Marly, ainsi que de nombreux villages avec leurs champs, et sur les chemins qui mènent vers les villages des alentours on a des portails avec des gardes en livrée royale ; on trouve une grande quantité de gibier à poil et à plume assez rare. Quand on quitte le château, on descend beaucoup de marches et on tombe tout de suite sur 2 grands bassins remplis d’eau, avec sur les côtés des jardins d’agrément.

ici et là on a placé des statues et vases en marbre blanc comme le montrent les dessins ci-dessous, des faïences [sic] de marbre et de bronze.

5´.l. 4´b.

5´ de long 4´ de large, est ovale et en métal

[88][135.]

Plus loin dans la plaine, en bas en a, le jardin est rempli de statues de marbre blanc, et en b elles alternent avec des thermes pourvus de bras et de mains, et de même en c jusqu’au canal ; on appelle ce lieu l’allée royale, au milieu il y a de la pelouse verte, mais sur les côtés de la terre ou du sable, en d on ne trouve que des bosquets de charmes blancs taillés de façon à former des murs, et dans ces bosquets on trouve de nombreuses fontaines d’une remarquable beauté ; ainsi en bas en e le bassin d’Apollon, où Apollon est assis sur un char tiré par 4 chevaux, entouré à ses pieds de 4 tritons et 4 baleinesNote: Il s’agit non pas de baleines mais de dauphins. ; en f on trouve le bassin de Latone, la Montagne d’eau, le Marais avec l’arbre, le Théâtre, {le bassin} de Cérès, la Salle des Festins (55 toises de large, 40 toises de long), le Dragon (20 toises de diamètre) et la Cascade, la galerie d’eau, les sources d’eau, l’Arc de Triomphe, la Fontaine dorée, la Renommée ou Fama, et on en a rajouté un appelé la Colonnade, avec des colonnes de l’ordre ionique, avec à l’arrière-plan des pilastres blancs tachés de rouge ; la corniche forme une architrave, avec en haut une rambarde de décoration, ainsi que des marches tout autour, et le sol est pavé de dalles de marbre blanc et bleu ; il y a 32 arcades en tout.

On trouve également un labyrinthe des fables anciennes d’Ésope, 38 stations comme je l’ai dessiné ci-contre.

Le rebord des bassins est fait de marbre blanc.

[89][136.]

L’orangerie est également une œuvre remarquable, segmentée par de nombreuses arcades, les colonnes sont cependant lisses et de l’ordre toscan. Étant donné que le bâtiment se trouve dans un creux, le toit est au même niveau que le jardin d’agrément d’en haut, et c’est aussi pourquoi on l’a surmonté d’une balustrade ainsi que sur les pourtours des escaliers qui l’encadrent, le terrain a été tassé fortement contre la voûte et rendu très dur comme de l’argile cuite, mais cela n’a point empêché que l’humidité abîmât néanmoins la voûte ; on a mis aussi des doubles fenêtres, le terrain qui se trouve devant est segmenté en plusieurs espaces où sont placés les arbres qui sont conservés dans cette serre en hiver, des deux côtés des escaliers remontaient vers le haut, aussi larges que le bâtiment lui-même, avec des endroits pour se reposer, et en bas il y a avait deux portails, avec devant une balustrade et un fossé de 6’ de large afin de ne rien perdre de la vue, et aussi pour que personne ne puisse y pénétrer.

Fossé

[90][137.]

Nous arrivons maintenant au canal cruciforme, il fait face au château, un bras mène vers la Ménagerie, l’autre vers le Trianon, il fait 900 toises ou 5 400 pieds de Paris de long, à savoir de f en g, et de h jusqu’à i il y a également 900 toises, il fait 32 toises de large ou 80’ en K-L. C’est sur ce canal que le roi navigue pour son agrément, avec une galère, un voilier de plaisance, d’autres petites embarcations et des gondoles, à cela s’ajoutent 85 matelots qu’on entretient à cet effet. J’ai particulièrement remarqué une embarcation, sur laquelle j’ai vu naviguer le Dauphin avec les dames, et le Dauphin lui-même conduisait le bateau à l’aide d’une longue barre de fer au bout recourbé qu’il avait prise sous le bras, et 6 personnes ramaient.

[[Vue de bateaux de plaisance sur le Grand Canal du château de Versailles]]

Ensuite on a la ménagerie à l’autre bout du canal ; c’est un endroit où sont gardés toutes sortes d’animaux étranges, par exemple des lynx, des autruches, des civettes, des pélicans, dans leurs cages et enclos respectifs. Au milieu de ce lieu se trouve une petite tour octogonale avec au bas de celle-ci une grotte, à l’étage une salle, et dans cette salle de beaux tableaux représentant des animaux sauvages, et une table marquetée de marbre vraiment très belle. La grotte est pavée de gravillons de la taille d’une noisette, noirs et blancs, et autour de cette petite tour, dans la cour qui était pavée, se dressaient des [vasques] de marbre de 3’ d’hauteur, d’où sort un fort jet d’eau, mais pas continu.

[[Détail d’une fontaine de la ménagerie du château de Versailles]]
[91][138.]

En a se trouvaient des thermes et, en alternance, des pilastres, sur lesquels étaient posés des vases.

Entrée

Autruche

Enfin, on arrive au jardin qui mène au Trianon, nommé ainsi en raison de la présence d’un village à cet endroit ; on y trouve une petite maison destinée au roi, recouverte d’un toit ornementé de nombreuses sculptures peintes en bleu, comme si c’était de la porcelaine ; sur les côtés en a on trouve 2 petits pavillons recouverts de toits semblables, mais de plus simples, dans les angles en b des bâtiments pour les jardiniers, en c des allées de treillages, mais en d ce sont des citronniers que l’on recouvre en hiver, et en bas on trouve des buissons, sur les côtés une allée d’ifs, et en haut et en bas en e, étagés en cascades, des vases, avec des dorures qui en font un véritable trésor, et sur les côtés des bancs pour s’asseoir, et contre la maison en f il y a un encorbellement où sont gardées des tourterelles.

[[Vue de la façade sur cour du corps de logis du trianon de Porcelaine]]
[92]139.

Buisson Buisson

En g on a des pilastres sur lesquels on a posé des vases, en h ce sont des cônes {de pierre}, et l’ensemble est entouré de grilles de fer.

Ce dallage se trouve dans l’antichambre, et est fait de carreaux de faïence hollandaise.

le terrain en A qui mène aux jardin est divisé en champs et est entouré de buissons de buis de petite taille.

Dans le grand parc on trouve le pavillon du DauphinNote: Pitzler se trompe, le château de Marly n’appartient pas au Dauphin mais à Louis XIV., il se trouve à 2 heures de Versailles et est appelé Marly car il se trouve à proximité d’un village portant ce nom, il est situé dans une vallée menant à Saint-Germain-en-Laye que l’on peut voir de là, car ce n’est qu’à 1/2 heure de distance. Au centre on a la demeure royale, et de chaque côté il y a 8 autres bâtimentsNote: Il y avait en réalité six pavillons de chaque côté du miroir d’eau, soit douze pavillons au total. reliés entre eux par une galerie de treillage, ils sont peints avec des fresques de plusieurs couleurs, qui servent à reproduire des éléments d’architecture et non à produire des effets de perspective ; ces bâtiments n’ont pas de toits et sont appelés pavillons, le jardin est étagé en terrasses, et sur les niveaux inférieurs on a plusieurs bassins d’eau, sur les terrasses ont été plantées des pyramides d’ifs de formes diverses, comme au jardin du palais des Tuileries à Paris.

[93][140.]

Sur chaque côté on a une entrée avec un vestibule. Les fenêtres partent du sol, les pièces sont toutes meublées différemment, les courtines, les lits et les tapisseries sont en tissu damassé rouge, et en vert, jaune, bleu 3 pièces formant antichambre, chambre et cabinet en tous points semblables, le salon est octogonal et décoré de statues et de tables, de bustes et autres meubles, et au milieu est suspendu un grand lustre de cristal ; les tables sont pour la plupart en marbre et marquetées, il y a de beaux miroirs et peintures, avec des motifs de batailles et autres choses de ce genre, tout cela en abondance et de très bonne qualité artistique.

Façade de la maison A, toutes les sculptures sont peintes en jaune comme du bronze, les colonnes ont la couleur de la pierre, l’architrave {est de couleur} rouge, les cimaises et les bases {sont de couleur} rouge, les éléments de forme carrée sont de couleur verte.

3 façades différentes Profil le plan

Profil

Plan

[94]14[1]

Du haut de la colline dans ce jardin, on voit les grandes machines qui apportent l’eau de la Seine à Versailles et dans ce jardin. Ces machines forment un système de rails associés à des pompes, l’eau est puisée 3 fois, refoulée dans des tuyaux de fers de 2’ de long, puis elle doit remonter 2 000 pas, la dénivellation fait 500 pieds parisiens et leur taille et leur nombre sont véritablement étonnants.

En a on a les rigoles avec 6 roues, en b une digue, en c un brise-glace, en d le canal afin de ne pas gêner la navigation, en e la Seine

2000 pieds

vient de Paris

Sur la roue A est fixée une manivelle et à celle-ci est attaché un bras en g qui permet de donner un mouvement au dispositif, en h ce sont des barres ou chevalets qui font avancer l’eau à tour de rôle, B est un bâtiment où l’eau se déverse, et où elle est refoulée plus loin grâce aux pompes ; grâce à ce système on a pu installer un grand nombre de pompes.

En ○ ce sont les pompes
□ est un pieu de bois servant à fixer les pompes,
les tuyaux des pompes sont tous en laiton.

[95][142]

La digue est fermée par des compartiments en bois et recouverte de pierres, elle est également très plate, afin que l’eau et la glace puissent aisément passer par-dessus, les brise-glace et les machines étant recouverts de plomb sur les joints et aux extrémités et badigeonnés de bitume et d’huile. Le brise-glace ressemble à peu près à ceci.

[[Vue d’un barrage/digue de la machine de Marly]]

Sur la tour en C se déversent 4 canalisations dans un grand bassin, dont le diamètre intérieur est de 1’ côté fleuve, de là l’eau est acheminée par un aqueduc et puis plus loin dans un canal en pierre de 2’ de large à l’intérieur qui l’amène jusqu’à Versailles ; dans la vallée de Clagny elle est acheminée sur un mur épais de 12’, et de là l’eau arrive de la colline au réservoir. Celui-ci est réservé à l’usage de la bourgade et des petits jets d’eau, les grandes eaux dans le jardin, en haut, non loin du grand mur étant alimentées par cette machine équipée de seaux en cuivre, et actionnée par le vent.

Les réservoirs qui se trouvent sur des promontoires sablonneux et qu’on a voulu construire ont finalement été faits de la manière suivante ; ils sont carrés, chaque côté faisant 200 pieds, les fondations sont extrêmement solides, avec 12’ d’épaisseur, et 6’ au-dessus de ces fondations, tout est pavé en double épaisseur et fait presque 2’ d’épaisseur, puis on a 2’ d’épaisseur de terre bien argileuse, fort bien tassée, et à nouveau recouverte de pavés, et on a continué ce mur au milieu duquel on a laissé un espace de 3’ de large, lui aussi consolidé avec de la bonne terre argileuse jusqu’à la hauteur que l’eau est censée atteindre ; à son extrémité le mur se prolonge jusqu’à dépasser de 2’ le niveau du terrain, puis

[96]143.

il s’arrête ; on peut faire le tour à l’intérieur, et on y a installé plusieurs robinets, pour pouvoir amener l’eau là où on veut, et au sol on a aménagé un trou afin d’évacuer entièrement l’eau et de nettoyer le réservoir

[[Coupe d’un réservoir du château de Versailles]]

À l’autre bout, en direction de Paris, le roi a fait construire un palais à Versailles pour Madame de Montespan, qu’on appelle Clagny, peut-être parce que le village de Clagny se trouve à proximité ; la façade A est tournée en direction du château royal, et le jardin est au premier plan ; la façade donnant sur le jardin était en tous points semblable à celle donnant sur la cour.

[97]144.

Le fût des colonnes en A est fait en deux morceaux.

Dans le jardin il y avait ce pavillon fait en treillage et peint en vert.

À Versailles on a construit une nouvelle église dans une paroisse du même lieu, faite de la manière suivante avec une demi-coupole

a amour et patience

profil

[[Plan d’une église non identifiée]]
[...]
[98]147.

Il y a aussi un bâtiment où sont gardés toutes sortes d’animaux comme des lions, des tigres, des ours, etc. ; ce bâtiment se présentait de la façon suivante :

[[Disposition générale de la ménagerie à Vincennes]]

  • a maison du gardien
  • b cabanes pour les animaux
  • c cours pour les mêmes
  • d chemin qui fait le tour afin que le gardien puisse nourrir les animaux
  • e passage en hauteur qui fait tout le tour du lieu
  • f salle où entre le roi quand il veut voir les animaux dans leurs cours
  • g est un jardin, et sous le passage il y a aussi une volière pour des oiseaux comme des aigles, etc.

Le diamètre de l’ensemble fait 90 pieds mesure de Paris, et cet endroit est divisé en 6 parties.

Figure 19. Plan de la sépulture des rois de France à Saint-Denis
[99]148.

Saint-Denis est une petite ville à 2 lieues de Paris, et c’est là que sont enterrés les rois. Il s’y trouve un véritable trésor de couronnes, d’or et de perles, ainsi que de nombreuses reliques fort rares. Sur le côté de l’église il y avait ce mausolée que les précédents rois Valois avaient fait construire, mais il n’est pas utilisé.

Attique

[[Coupe de la rotonde des Valois à Saint-Denis d’après une gravure de Marot]]
[100]149
Figure 20. Vue du château-Neuf de Saint-Germain-en-Laye du côté du jardin
[...]
[101]152

A Meudon

[[Détail d’un parterre du château de Clagny à Versailles d’après une gravure des Pérelle]]

Cabinet de treillages à Clagny

[[Détail d’un parterre du Château-Neuf du château de Saint-Germain-en-Laye d’après une gravure des Pérelle]]

Les jardins sont divisés en plusieurs sections

Orangerie, remises pour carrosses

Figure 21. La maison de Sceaux, située près du Bourg-la-Reine, appartient à Monsieur Colbert, elle a été achevée en l’an 1674
[...]
[102]154

A Richelieu

Les parterres de fleurs et les petits ifs ronds

Là où il n’y a pas d’eau, on peut diviser le terrain en parterres, et au lieu d’eau on met de la pelouse comme en a avec une statue et encore d’autres petites comme en b, et le pourtour est laissé vide

les parcelles en a doivent être un peu plus longues afin qu’une allée puisse se former en b

Figure 22. Le château d’Ancy-le-Franc qui appartient à Monsieur le comte de Tonnerre, une maison de plaisance en Bourgogne, elle est à 5 ou 6 lieues d’Auxerre
[103][155]
[[Vue en perspective du côté du jardin du château de Conflans d’après une gravure des Pérelle]]

Cabinet fait en treillage, sur deux côtés il est fait comme en A, et sur les deux autres comme en B.

Figure 23. Le château de Chaville à une demi-lieue de Versailles appartient à Monsieur Le Tellier, chancelier de France. Il fut achevé vers l’année 1660, cette vue est du côté de l’entrée.
[104][156]

Chaville, cette face regarde le jardin

[105]157.

Madrid est aussi une demeure royale, conçue par François Premier, elle devait être construite à l’instar de la résidence royale à Madrid en Espagne, elle se trouve à 3 lieues de Paris, et est maintenant assez délaissée, on y a mis des manufactures de bas et autres choses de ce genre, et elle ressemble un peu à ceci :

Saint-Cloud est une petite ville ouverte à 2 lieues de Paris, et appartient au frère du roi Monsieur le duc d’Orléans ; le château est bâti sur une colline, il est d’une forme régulière et est construit sur 2 niveaux, il contient de superbes meubles. La galerie est fort belle et décorée de fresques représentant les plus beaux châteaux du roi, les alcôves sont seulement séparées {du reste de la pièce} par une balustrade sans être surélevées, l’appartement du roi est très beau et richement décoré, toutes les tables et chaises sont en argent, la galerie est composée de 12 arcades, et les parquets sont presque tous en chêne, il y a des bustes contre les piliers et on y trouve abondance de miroirs comme à Versailles. Les plafonds sont presque tous de forme arrondie, le bas comporte un lambris de 3’ de haut avec des tentures au-dessus ; devant toutes les portes on a des courtines, et devant les fenêtres des volets ; de a à b on a un troisième niveau, avec au sommet un attique ; en c il y a 4 colonnes dégagées décorées de statues, les colonnes atteignent le 2e niveau.

[[Disposition générale du château de Saint-Cloud]]

A

[106]158.

En d on trouve deux galeries ou terrasses qui font un étage de haut, en e ce sont des grilles de fer et 2 portails ou portes cochères pour rétablir l’équilibre, car sur l’un des côtés on a une pente, en f se trouve l’entrée de droite donnant sur la bourgade. A est le sol du vestibule menant à la galerie, les portes sont pour la plupart recouvertes à moitié de miroirs, et ce palais est entièrement entouré de jardins, d’exquises cascades et de bocages.

Maisons est une magnifique demeure à la campagne à 4 lieues de Paris, c’est un village qui appartient au président Maison, sur les bords de la Seine, et il est fort bien meublé. On a de là une vue magnifique. Les bâtiments d’intendance sont sous le niveau du sol, car le château est entouré d’un fossé sec.

Le côté donnant sur le jardin en B et C

Le côté en D et la galerie en ⨀

Côté cour A

[107]159.
  • a est la cour,
  • b le palais,
  • c la terrasse faisant 1 étage de haut,
  • d la terrasse avec une balustrade dépassant de 2’ le sol ; en-dessous on a des bâtiments pour la ménagerie,
  • e fossé sec,
  • f parterres des jardins,
  • g avant-cour,
  • h écuries avec une coupole,
  • i portail offrant une belle vue devant lequel il y a un fossé, l’entrée est sur le côté,
  • k ménagerie {ordinaire} du domaine,
  • l bocage,
  • m la Seine, rivière.
[108]160.

Profil de l’escalier avec la coupole

Façade des écuries recouvertes d’une coupole, en face de l’entrée dans l’arrondi il y a une grotte

Note : les deux portes du palais sont chacune faite en 2 morceaux ou battants, en fer admirablement ouvragé, ajouré et poli, on dit qu’elles ont coûté 50 000 thalers

Meudon, à 2 lieues de Paris, situé sur une hauteur avec un jardin sur le flanc de la colline, et un parc faisant plusieurs lieues de circonférence, dans lequel on trouve des vignobles, des jardins d’agrément et des potagers, appartient au marquis de Louvois ; à l’époque de François {Ier}. La construction du château a été initiée par le cardinal Antoine Sanguin, il a été terminé sous Henri II, il est fait en imitation de briques rougesNote: La formulation de Pitzler n’est pas claire (« es ist uf ziegelart roth ») : on ne sait pas s’il veut dire que le château est en briques ou en pierres imitant la brique., mais les ornements architecturaux sont restés dans leur couleur de pierre naturelle.

[[Disposition générale du château de Meudon d’après une gravure des Pérelle]]
[109]161.

A le château
a bassin d’eau
b parterres
c orangerie voûtée
d prairie
le bassin est si grand que des bateaux de plaisance peuvent y naviguer

[110]162.

Raincy est également un très bel édifice de 2 niveaux, ainsi construit, entouré de fossés secs et d’une balustrade, il se trouve à 3 lieues de Paris et c’est le secrétaire du conseil et intendant des finances, Monsieur Bordier, qui l’a fait édifier.

[[Disposition générale du château de Raincy d’après une gravure de Silvestre]]

Ceci est la façade en A.

La façade en B donnant sur l’entrée

La façade intérieure en D où sont les offices des communs

[111]163.

La façade en E

Château du Fayel Plan, il est haut de 2 niveaux bâtis.

Le côté de l’entrée en A

Figure 24. Façade du château de Pont en Champagne.
[112]164.
Figure 25. Château de Thouars
Figure 26. Château de Coulommiers en Brie
[113]165.
Figure 27. Vue générale de Liancourt.
[114]166.167.
Figure 28. Vue du château de Vaux-le-Vicomte du côté de l’entrée
[115][168.]
Figure 29. Vue de la Maison de Vaux-le-Vicomte du côté du jardin, elle fut commencé en 1653 et a été mise avec promptitude
[116][169.]170.
Figure 30. La porte de la Conférence à Paris

Caisses d’orangers

Bien qu’il y ait un bassin rectangulaire comme en a, on peut faire cependant des côtés arrondis comme en b

Là où il y a beaucoup de bassins, on peut aussi en faire un carré comme dans cet exemple.

Figure 31. Le Palais-Royal à Paris, le cardinal de Richelieu le fit bâtir
[117][171.]

Bois

Demi-lune

Bois

Grotte

Grotte

Cave

Le jeu de maille

Chapelle

[...]
[118]174.

Jardin A

10 toises

À l’intérieur

Cour B

toute la cour

La grotte près de la demi-lune à l’arrière du jardin

Portails sur l’avant-cour

[[Vue d’une partie de la façade du corps de logis du château de Richelieu d’après une gravure de Marot]]
[119][175.]
Figure 32. Profil du grand pavillon
[[Coupe d’une aile du château de Richelieu d’après une gravure de Marot]]
Figure 33. Élévation de l’entrée
  • 1. un Hercule antique
  • 2. un Mars antique
  • 3. Louis 13 roi de France
  • 4. Deux colonnes rostrales de marbre jaspé
[120]176.177.
  • 1 une Vénus antique
  • 2 un Apollon
  • 3 trois petits Hercules
  • 4 une Renommée de bronze
  • 5 deux pyramides de marbre
[121]178

Vue générale en perspective du château de Richelieu en Poitou
basse-cour
arrière-cour et écuries du commun
arrière-cour où sont les fourrières, boulangerie et ménagerie
avant-cour où sont les belles écuries, le manège etc
4. avant-cour où sont les belles écuries
5. le château manège etc.
6. le grand parc et le bois

10 fenêtres comme celle-ci de * jusqu’à x

La façade donnant sur la cour sous la galerie

L’arrière de l’entrée du côté du jardin
Le château du côté de l’entrée

[122]180.
Figure 34. Vue du côté du jardin
Figure 35. Façade du grand corps de logis du côté du parterre

Façade du grand corps de logis du côté du parterre

[123]181.
Figure 36. Verneuil 12 lieues de Paris

construit par Henri 4 pour son fils naturel

Fontaine en b

Les escaliers du jardin

Le côté en A

La tour en B

[124]182.

Le côté près de l’entrée en C avec les tours

Figure 37. Plan du jardin à Chantilly
[125]183.
[[Disposition générale de l’hôtel Jabach à Paris d’après une gravure de Marot]]

La façade donnant sur l’intérieur en A

La façade extérieure en B

[[Coupe d’une salle de l’hôtel Jabach à Paris d’après une gravure de Marot]]
[126]184.
[[Disposition générale du "Château à bâtir en Suede pour le Marquis Bonde" d’après une gravure de Marot]]

Le côté près de l’entrée en A.

Façade en B.

Façade en C.

Profil

Profil

Profil

[127]185.

Profils

[128]186.

Grotte

[[Vue d’une façade de la grotte du château de Noisy-le-Roi d’après une gravure de Marot]]

Fontaine en glacis ou la grotte de rocaille

[[Coupe de l’église du noviciat des Jésuites à Paris d’après une gravure de Marot]]
[[Coupe de la coupole de la chapelle Notre-Dame-des-Ardilliers à Saumur d’après une gravure de Marot]]
[129]187.
Figure 38. Mausolée
Figure 39. Porte de la ville de Nancy
[...]
[130]197

Canal sur lequel nagent des cygnes et voguent des bateaux

Figure 40. Grotte du château de Vaux-le-Vicomte
[131]198.199.
Figure 41. Grande cascade de Chantilly
Figure 42. La salle des festins de Versailles
[132]200.201.
Figure 43. des trois bassins de Versailles
[[Vues de statues et fontaines non identifiées]]
[133][200-201 v.]
Figure 44. Palais

Jardin dont les côtés sont agrémentés de terrasses ; là où les murs ne sont pas faits de pierres carrées, on peut les planter d’ifs ou d’arbustes en espalier

[[Vue d’une fontaine non identifiée]]

Cascade dans une allée, que ce soit une côte ou une pente

[...]
[134]207208
[[Vue d’une façade latérale du château de Saint-Cloud d’après une gravure des Pérelle]]

Bâtiment

Figure 45. Bassin du jardin de Saint-Cloud

Ce cas se présente quand on construit un escalier et qu’on aménage un bassin en contrebas.

Figure 46. Vue de l’entrée de la ménagerie à Versailles
Figure 47. Vue du château de Saint-Cloud
[135][209]
Figure 48. La ménagerie de Versailles
Figure 49. Vue du Trianon à Versailles.
[136]210.
Figure 50. Vue du palais d’Orléans, appelé Luxembourg
[...]
[137][212.]

Cascades

[138]213.

Après avoir pris la décision de visiter également l’Italie, je suis parti de Paris, à la grâce de Dieu, le 5/15 mars 1687, en compagnie de Noël de la Chambre, orfèvre de Hambourg. Nous avons voyagé par voie d’eau sur la Seine jusqu’à Auxerre, qui est une jolie ville épiscopale, et de là j’ai pris la diligence pour aller à Dijon où se trouve un parlement et qui est aussi une jolie petite ville ; puis nous sommes passés par Châlons-sur-Saône, et puis nous avons navigué sur la Saône en passant par Mâcon pour arriver à Lyon le 15/25 du mois l’après-midi.

Lyon est une ville très grande et prospère, car son commerce est très industrieux. La Saône traverse la ville presque en son milieu, mais derrière le mur de la ville coule le Rhône au cours très rapide et qui est traversé par un pont très long menant vers la campagne. Sur la Saône sont bâtis de nombreux ponts. L’église Saint-Jean est l’église la plus remarquable ; à l’intérieur on trouve une grande horloge qui présente plusieurs {scènes} quand elle sonne, notamment l’Annonciation. On a {à Lyon} également deux hautes montagnes, couvertes de monastères et d’églises, et de leur sommet on voit toute la ville et le paysage, et il y a une place plantée de tilleuls, que l’on appelle Belle cour, où les gens vont se promener, mais sinon les maisons ne sont pas particulièrement somptueuses et les rues sont très étroites. Parmi les bâtiments à voir on trouve l’hôpital de la Charité, un grand bâtiment ; de même l’hôtel de ville qui est un élégant palais. Devant cet hôtel de ville se trouve une place rectangulaire, large comme le bâtiment, et au

[139]214.

milieu une grande fontaine ; voici une croquis du plan et de la façade

[[Disposition générale de l’hôtel de ville à Lyon]]

Façade avec entrée en A

Façade de l’horloge en B, sur la cour

Sur la terrasse en C

Bien que j’eusse pensé prendre la route directe en passant par le Mont Cenis et la Savoie, j’ai dû, en raison d’un très mauvais temps, qui m’eût empêché de faire ce voyage pendant de longues semaines, passer par Marseille, et c’est pourquoi je suis parti de Lyon le 9 avril / 29 mars en navigant sur le Rhône, et en passant par de nombreuses villes

[140]215.

comme Vienne, Valence, Pont Saint-Esprit, où se trouve un grand pont de pierre jeté sur le Rhône, endroit qu’on considère comme étant dangereux à traverser en bateau ; nous sommes arrivés à Avignon, une grande ville entourée de murailles et de fossés secs, avec un vieux palais occupé par des soldats suisses, les papes y ont longtemps résidé, il est magnifiquement situé, on y trouve beaucoup de vin, d’huile et de soie, les rues sont toutes plantées de mûriers. Aix est une ville exquise où se trouve un parlement, on y construit maintenant les maisons de ses membres, on y trouve aussi une promenade comme à Lyon.

Marseille est une grande et vieille ville, j’y suis arrivé le 14/4 avril, et cependant le port et les places sont bordées de belles maisons toutes neuves, on peut y manger bon marché, il y a un excellent vin, d’apparence un peu brun-rouge et qu’on dit être très bon pour la santé, le bois est un peu cher, on le pèse quand on le vend et l’achète ; entre Avignon et Aix il y a un panorama magnifique car on a la vue sur la vallée, recouverte de romarin, de lavande et de fleurs de jacinthes, poussant dru sur les terres où paissaient le bétail. Marseille possède un beau port bien à l’abri, où étaient amarrées les galères du roi, dont il y en avait 40, chaque galère étant pourvue de 250 galériens, 4 matelots et officiers, 60 soldats, 1 demi canon et 41/4 canons ainsi que de nombreuses pierriers. À l’entrée du port se trouvent 2 bastions, dont l’un était relié à la citadelle, sinon on trouve autour de la ville

[141]216.

presque partout des montagnes, et sur celles-ci de nombreux vieux châteaux. L’hôtel de ville de Marseille a une belle façade.

En a l’arcade est creusée de façon à former une cavité peu profonde, presque comme une niche, où se trouve la porte.

Arsenal
Havre
Citadelle
L’embouchure de la mer
Fort S. Jean
La Ville

Bien que, dans ce port, les bateaux et les galères soient fort bien à l’abri, les bateaux trop grands ne peuvent pas y entrer car il n’est pas assez profond, et quand le vent souffle sur l’entrée ou bien qu’il est contraire, rien ne peut entrer ni sortir ; et c’est pourquoi je dus, à cause d’un tel vent, attendre à Marseille 13 jours, et quand nous pûmes enfin sortir du port, il nous fut à peine possible d’avancer sur la Méditerranée en raison du calme plat, et le commandant du bateau nous fit accoster dans un village où il était né, à deux heures de Toulon. Toulon est un très grand port avec deux entrées, on pouvait à peine embrasser le port tout entier du regard, les entrées sont gardées par deux bastions, et près de la ville se trouvaient 2 ports supplémentaires, l’un construit avec les deniers du roi et l’autre pour les navires marchands. On y a ajouté une digue de pierre de 50’ de large avec un mur de 15’ d’épaisseur par-dessus ; en-dessous se trouvent des arcades surmontées de canonnières, cela ressemble à une muraille avec un parapet.

[142]217.

On y trouve 60 des plus gros navires de guerre, parmi eux un grand navire appeler le Grand Louis, particulièrement beau à l’intérieur avec divers chambres et salons, magnifiquement peint, avec 120 pièces en métal, il fait 84 pas de long, 24 de large, il est décoré de nombreuses sculptures à l’extérieur, et tout est doré, on trouve en poupe 3 galeries superposées, et on y a aussi représenté l’emblème du roi, le soleil, ainsi que la devise ‘Je suis l’unique sur l’onde comme mon Roy l’est dans le monde’ ; on dit que sa construction et son équipement ont coûté 2 millions de francs. On y trouve aussi 2 bombes d’environ 9’ de long, 6 de hauteur et recouvertes de 6’’ de métal, servant d’explosif A. Les galions sur lesquels on jette les bombes étaient également visibles, sur chacun on avait 2 mortiers avec un pied en métal et attachés à un pilier, les mortiers ressemblaient à ceci (B). Les bombes étaient en fer, les plus grandes faisaient 15’’ de diamètre.

Ville

Ville

Havre

A.

B.

Après 2 jours de calme plat, le vent se leva un peu, nous avançâmes en pleine mer et après une demi-journée, quand nous passâmes Monaco, un vent contraire se leva ; nous revînmes sur Antibes, qui est la dernière ville du littoral français avant la Savoie, elle a aussi une citadelle, on a commencé à y construire un nouveau port.

The manuscript facsimilies are published with the kind permission of the Stiftung Preußische Schlösser und Gärten Berlin-Brandenburg. To use them, please contact the institution.

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TextGrid Repository (2020). Récit de voyage de Christoph Pitzler, 1685-1687. Récit de voyage de Christoph Pitzler, 1685-1687. ARCHITRAVE. ARCHITRAVE. https://hdl.handle.net/21.11113/0000-000C-9151-4